Le cuirassé Potemkine
Plate-forme : Bande Dessinée
Date de sortie : 09 Janvier 2019
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Genre :
Bande dessinée
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Non
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Non
Test par

Nic007


8/10

Scénario et dessin : Pablo Auladell

Le film traite de la mutinerie du cuirassé Potemkine dans le port d'Odessa en 1905, de l'insurrection et de la répression qui s'ensuivirent en ville. L'événement, qui a lieu pendant la Révolution russe de 1905 est ici vu comme précurseur de la révolution d'Octobre (1917) et est présenté du seul point de vue des insurgés. Le cuirassé reproduit donc dans le microcosme de son équipage les clivages de la société russe et ses insupportables inégalités. Ainsi, et c'est l'une des causes de la mutinerie, vient la question de la nourriture. Les officiers présentés comme cyniques et cruels contraignent l'équipage à consommer de la viande avariée, dans le même temps ces derniers maintiennent un train de vie privilégié parmi l'équipage. (scène de la vaisselle « Dieu, donne-moi mon pain quotidien »). À l'origine démarche de propagande, comme tous les films soviétiques de la période, le film a rencontré un énorme succès en Union soviétique et a marqué l'histoire du cinéma par ses inventions et qualités techniques et le souffle épique insufflé par Eisenstein.

En 2018, Pablo Auladell est en charge de réinventer cette épopée russe moderne dans un roman graphique édité par Actes Sud L'An 2. L'auteur espagnol défend la puissante force visuelle du film d'Eisenstein. Suivant le long métrage de façon millimétrique, le style naturel de l’artiste s’intègre parfaitement dans le grain du film presque centenaire. Sa proposition narrative est frugale : une grille de six vignettes s'ouvre généralement en vignettes panoramiques qui elles-mêmes ouvrent la mise au point de la même manière que la caméra dans une prise de vue générale ou grand angle. Le texte est minimum mais respecte scrupuleusement les affiches originales du film sans la grandiloquence propagandiste de l'époque. Le film qui inspire Auladell a fait l'objet d'innombrables hommages dans l'histoire du cinéma "C’est une histoire pleine de vigueur, d’humanité, de colère et de beauté plastique; un grand artefact, un beau mensonge, un chef-d’œuvre. "dit son illustrateur. Ce dévouement qu'il professe lui permet de le recréer dans le style indubitable auquel il nous a habitués. La tragédie du Potemkine continue de résonner cent ans plus tard en tant que chanson de la révolution, une recherche de la liberté face à la tyrannie, soulignant une caractéristique inhérente à l'être humain: la rébellion. C'est là que le message d'Auladell nous emmène dans ce travail. A noter qu'une postface illustrée de documents rares retrace la genèse du film et sa réception.

VERDICT

-

Le chef-d'œuvre d'Eisenstein, et son lyrisme révolutionnaire, est magnifié par la fabuleuse rigueur de l'adaptation de Pablo Auladell. L'auteur espagnol a structuré le livre en cinq chapitres portant les mêmes titres que les chapitres du film d'Eisenstein. Comme à son habitude chez Auldell, il utilise une palette très limitée de couleurs, en l’occurrence le graffiti, les gris et une tonalité rouge pour les drapeaux. Il est toutefois surprenant qu’avec des moyens aussi limités, il atteigne une telle expressivité dans ses dessins qu’il nous semble que rien ne manque, aucun trait, aucune couleur.

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