Le jour où ça bascule
Plate-forme : Bande Dessinée
Date de sortie : 02 Décembre 2015
Résumé | Test Complet
Editeur :
Développeur :
Genre :
Bande dessinée
Multijoueur :
Non
Jouable via Internet :
Non
Test par

Nic007


9/10

Par Collectif.

Le Jour où ça bascule est une anthologie réunissant 14 grands noms de la bande dessinée mondiale autour d'un thème unique. Enki Bilal a réalisé la couverture de cet ouvrage, véritable fourre-tout énigmatique, qu'il est bien difficile de résumer tant les sujets abordés sont nombreux (de la chronique intimiste au récit de science-fiction, le fossé est grand). Chaque auteur a lu le thème et est parti dans une direction différente (excepté deux auteurs nippons très mobilisés contre le nucléaire, on comprend aisément pourquoi). Il en résulte un album de 132 pages composés de 13 histoires plus ou moins longues (entre trois et quinze selon les auteurs) signés Boulet, Eddie Campbell, John Cassaday, Bob Fingerman, Atsushi Kaneko, Keiichi Kokie, Emmanuel Lepage, Taiyô Matsumoto, Frederik Peeters, Paul Pope, Katsuya Terada, Naoki Urasawa et Bastien Vivès.

Le Jour où ça bascule est avant tout un récit d'introspection où chaque auteur se met à nu et laisse exprimer ses réflexions personnelles sur des thématiques plus ou moins surprenants. Ainsi Matsumoto (Sunny) s'intéresse à l'instant présent, sur les parallèles simultanés qui se déroulent à travers le monde, avec un regard très métaphysique et des crayonnés d'une grande précision. Emmanuel Lepage présente pour sa part un récit autobiographique où il évoque un souvenir très intime, la découverte de l'homosexualité. Le ton est juste parfait et ne sombre jamais dans la facilité. Atsushi Kaneko nous plonge quant à lui dans un polar noir qui évolue à rebours, et dont le héros se rend compte qu'il se trouve dans une situation inextricable. La tension augmente crescendo au fil des pages. John Cassaday interpelle le lecteur dans un récit existentialiste où le protagoniste principal se demande s'il doit trahir son meilleur ami. Une fiction très froide, il faut l'avouer. Eddie Campbell nous présente son nouveau voisinage, en cherchant son chat qui vient de s'enfuir. Un portrait autobiographique moderne, assez terrifiant là encore, mais qui n'est pas vide de sens.  Naoki Urasawa opte quant lui pour de la science-fiction, où un homme marié dissimule en réalité un lourd secret : Être un héros de Sentai (Kamen Rider, Power Rangers), ces fameux personnages toujours prêt à secourir la veuve et l'orphelin (mais avec un costume ridicule).

Bob Fingerman s'intéresse à un personnage athée, alcoolique évident, et qui se retrouve confronté au Diable en personne. Une partie loufoque, mais pleine d'humour, et dont le cheminement semble s'inspirer des inquiétudes personnelles de l'auteur. Boulet signe une histoire courte comme il le fait si bien sur Internet, où les conspirations sont forcément au programme. On ne nous dit pas tout. Paul Pope choisit une ambiance proche du roman graphique (il y a peu de textes) pour nous raconter l'histoire d'un prédateur chassé. L'ambiance énigmatique et le dessin très élégant en font l'un des récits les plus marquants de l'album. Bastien Vivès propose une histoire d'horreur hollywoodienne, classique mais rondement menée, avec une mise en scène d'une grande fluidité et une technique graphique sans défaut. Keiichi Koike nous met face à une sorte de trip psychédélique qui revisite l'histoire de l'homme jusqu'à des passages un peu plus abscons mettant en scène des aliens. Il est aussi question d'environnement et de l'état des fonds marins dans un Japon post-Fukushima. Frederik Peeters imagine un retour de Laïka sur Terre (la première chienne dans l'espace) à travers un récit très court (trois pages seulement) mais plutôt agréable à découvrir. Enfin, Katsuya Terada conclut l'ouvrage avec Tengu (une divinité mineure de la mythologie japonaise, sorte de chien céleste) dans une partie beaucoup plus imaginative, où les couleurs partent dans tous les sens et les planches s'avèrent fantastique, digne d'un animé nippon.

VERDICT

-

Le Jour où ça bascule est un recueil d'histoires courtes toutes différentes et passionnantes. Chaque auteur semble s'être amusé avec le thème imposé par l'éditeur, tout en laissant parler leur fibre créative (mention spéciale aux artistes Japonais) et leur passion pour le neuvième art. Les amateurs de bande dessinée et plus généralement de beaux livres y trouveront leur compte, sachant que les thématiques abordées s'avèrent très larges et ne résonneront pas toutes chez le lecteur. Un album atypique, riche en nuances, et dont nous espérons qu'il n'est que le premier d'une série.

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