Simone Veil ou la force d'une femme
Plate-forme : Bande Dessinée
Date de sortie : 28 Mai 2020
Résumé | Test Complet | Actualité
Editeur :
Développeur :
Genre :
Bande dessinée
Multijoueur :
Non
Jouable via Internet :
Non
Test par

Nic007


8/10

Scénario : Annick Cojean et Xavier Bétaucourt
Dessin : Etienne Oburie

Le nom de Simone Veil est connu de tous. Mais nous n’avons pas eu la chance de pouvoir la côtoyer. Annick Cojean a eu ce privilège et partage ses souvenirs. L’histoire commence le 30 juin 2017. Annick Cojean reçoit un appel de son chef. Elle croyait que c’était à cause de son retard. Mais non, il lui annonce que Simone Veil est morte et il faut un supplément en plus de sa nécro. « Une page, 10 000 signes pour demain matin, 7 heures, bon courage! » (p. 6). La voilà sous le choc et l’exercice lui semble compliqué. Pour poser les mots, il faut alors se plonger dans ces souvenirs. C’est ainsi que la journaliste du Monde partage ces rencontres avec cette femme d’exception. Le courant était bien passé entre elles et cela a permis de se retrouver souvent. Le passé mélange les moments professionnels et personnels qui parfois se confondent. Néanmoins, ils se distinguent grâce à un jeu de teinte marron et gris pour mieux visuellement nous repérer. Simone et Anick partagent l’amour de leurs mères si courageuses, gentilles et prévenantes ainsi que leur famille. Simone Veil raconte sa vie dans les camps avec sa mère et sa soeur. Elle veut transmettre l’horreur du passé pour ne jamais oublier et éviter que cela se reproduise. « J’ai toujours voulu témoigner. Peu de gens acceptaient d’entendre. J’ai affronté ignorance, indifférence. » (p. 26). Bien que le récit se fasse par alternance, c’est très touchant. Le choc est là quand un politique très grossier ose lui dire en voyant son numéro sur son avant-bras : « C’est votre numéro de vestiaire sur votre bras? ».

Bien qu’elle a eu la chance de devenir ministre, elle a bien eu du mal à se faire sa place. Les hommes restaient sur des idées d’un autre temps. Le cerveau est dans les testicules par conséquent, ils sont les seuls à pouvoir prendre des décisions et réfléchir. Grâce à sa volonté et son tempérament, elle n’allait certainement pas se laisser se marcher sur les pieds. Elle a survécu aux camps de la mort et à la perte d’êtres chers donc ce n’est pas des gars avec des troubles de l’égo qui vont lui faire la leçon. Quand on lui confie le projet de loi pour l’IVG, elle se prépare à faire à ces bonhommes d’un autre temps. Ils dressent la morale et autre connerie du genre tout en allant aux prostitués ou couchant à droite à gauche sans se préoccuper s’ils engrossent ou pas leurs partenaires éphémères. Cela se cultive l’hypocrisie en politique. Elle évoque aussi son passage dans la gestion des prisons. Son épouvante est de taille lorsqu’elle visite ces lieux de très grandes promiscuités, sales, violents… Comment ne pas y faire un rapprochement avec les baraquements dans les camps. Des conditions inhumaines pour traiter des citoyens même s’ils ont été reconnus coupables. Par conséquent, il faut changer les choses en profondeur. Les dessins d’Étienne Oublie sont très réalistes et détaillés. Son trait est fin ce qui rend les choses plus vraisemblables et les personnes plus humaines. Les couleurs sont douces pour que le lecteur reste focalisé sur le récit. C’est ça le principal. La collaboration entre Annick Cojean et Xavier Bétaucourt est pleine de respect, d’écoute et de bienveillance. L’autobiographie ne prend pas le dessus sur la vie de Simone Veil. C’est cette dernière l’héroïne. Une approche originale pour raconter l’air de rien à travers le témoignage. Le tome se conclut avec l’article rédigé le 2/3 juillet 2017 dans le « Monde ». Comment vouloir en rester après ça? Impossible, on veut en savoir plus sur ces dames combattantes.

VERDICT

-

Une bande dessinée audacieuse et passionnante. Quel bel hommage à une femme incroyable.

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