Réalisé par Oliver Hermanus.
Londres, début des années 1950 : M. Williams (Bill Nighy) est sur le point de prendre sa retraite. Il est cadre supérieur au service des réclamations de la ville et a accepté au fil des ans que les demandes soient simplement glissées dans un tiroir d'où elles ne sortiront très probablement jamais. Mais lorsqu'il apprend qu'il est atteint d'un cancer en phase terminale, il commence à briser sa routine. Au lieu de continuer à se fondre dans le système, il veut faire la différence. Il trouve en la jeune Margaret Harris (Aimee Lou Wood), qui vient de quitter le service des réclamations pour changer de travail, une personne à qui il peut se confier.
Avec "Living", le réalisateur Oliver Hermanus ("Moffie"), né au Cap en 1983, propose un remake du drame japonais "Ikiru - Vivre" (1952) d'Akira Kurosawa. Le scénario de cette nouvelle adaptation est signé par le prix Nobel de littérature Kazuo Ishiguro, auteur entre autres des romans "Les Vestiges du jour" (1989) et "Auprès de moi toujours" (2005), qui ont à leur tour été adaptés avec succès pour le grand écran. L'intrigue se situe toujours dans les années 1950, mais se déroule désormais dans la capitale anglaise. Elle est centrée sur M. Williams, un homme à l'air grincheux qui, en tant que directeur d'un bureau administratif, semble clairement blasé après toutes ses années de service. Hermanus et son cameraman Jamie Ramsay saisissent parfaitement, en format 4:3, l'univers de l'administration avec toutes ses règles non écrites qui servent le plus souvent à transmettre des responsabilités de manière tactiquement intelligente. Le cliquetis des vieilles machines à écrire et la sonnerie des téléphones déterminent la bande sonore, tandis qu'au niveau de l'image, les personnages menacent souvent de disparaître derrière d'énormes piles de dossiers. Le sentiment de n'être qu'un petit rouage insignifiant est ainsi transmis de manière compréhensible. Le Britannique Bill Nighy ("Love Actually") livre une performance étonnamment calme et réservée, pleine de dignité, pour nous montrer un homme qui commence à reconsidérer sa vie et son comportement après avoir reçu un diagnostic de cancer. Parmi les nombreux beaux moments de jeu, on peut citer la scène où M. Williams entonne une chanson les yeux fermés. Les interactions entre Nighy et Aimee Lou Wood ("Sex Education") dans le rôle de la jeune Margaret, dont le protagoniste, d'abord si renfermé, recherche la compagnie, sont également très belles. La manière dont une grande sympathie se développe peu à peu dans les conversations de bar ou lors d'une séance de cinéma est très émouvante, sur un mode tragi-comique.
VERDICT
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Un drame silencieux, filmé de manière envoûtante et inventive, avec un excellent Bill Nighy au centre.