Frères humains est le premier tome d'un nouveau cycle des aventures du Tueur. Après l'affaire du Havre, finie tragiquement, le Tueur est mis au vert dans les montagnes des Cévennes dans un refuge déniché par sa supérieure, Barbara. Tout en exécutant les contrats commandés par Barbara, le Tueur est témoin d'un étrange manège dans un chalet voisin. Des passeurs violents exploitent des migrants. Malgré son indifférence pour ses frères humains, le Tueur sait qu'il ne pourra pas rester inactif. Et plus encore quand deux enfants sont victimes de cette barbarie... quitte à rompre avec son éthique de travail.

Comment ça ? Un semblant de conscience (autre que professionnelle) chez Le Tueur ? Pour la première fois de la série, l’anti-héros au visage de glace semble vouloir justifier sa vocation meurtrière par une action rédemptrice. Bonus à une mission de routine, l’artisan du meurtre, qui a beaucoup pratiqué son art avec un succès détaché, va à présent se sentir obligé de jouer les charognards (au sens nettoyage naturel du terme) pour une cause non rémunérée. Il frôle la faute professionnelle. En plus de sa mission initiale, l’anti-héros au visage inexpressif se transforme temporairement en justicier, en se mêlant de ce qui ne le concerne pas. Au milieu de l’océan des turpitudes humaines, Matz pousse exceptionnellement son personnage à s’engager pour quelque chose. Certes pas totalement gratuitement, mais c'est un début pour lui. Alors que Le Tueur n’est jamais dans le jugement, plutôt dans le constat cynique et clinique, il se découvre un début d’humanité comme redresseur de torts. Il va faire le Mal pour préserver le Bien, au-delà de la (nécessaire) raison d’État ou de son compte bancaire dans un paradis fiscal. N’en déplaise à la Sioban de 1993, quand le Mal et le Bien se touchent sérieusement (ce n’est pas sale), le résultat s’avère explosif et intéressant. Seul regret : cette histoire ne se conclura qu’au prochain épisode. Du Matz pur jus.