Petite escroc, Jade sort tout juste de prison. Loin d'avoir retenu la leçon, elle est bien décidée à revivre le frisson du bon coup et à se refaire au plus vite. Par Fiona, son ancienne codétenue, elle se retrouve liée au Clan Williams sur une affaire de tableaux volés. Jade espère tirer son épingle du jeu grâce à son père, un faussaire repenti, qu'elle compte bien embarquer dans l'affaire. Mais il se peut que rien ne se passe comme prévu. Et entre les histoires de famille et les arnaqueurs arnaqués, il faudra sans doute se méfier des ambitions trop grandes

Vous êtes énervé. Levé du mauvais pied. La flemme de vous y mettre. Le dégoût du quotidien éloigné de vos envies. Le café est chaud, il a ce petit goût amer de l’ensemble des choses qui bousille l'estomac. Alors vous lisez votre journal, machinalement, pour occuper l’esprit. Mais parfois, ça ne se passe pas comme il faut. Le café brûlant repart sous le son injurieux de tes mots. « Sauver la planète ? Attends, on va filer les JO d’hiver à l’Arabie Saoudite et faire présider la COP28 par le magnat du pétrole. » « Le peuple crie pour exprimer le changement nécessaire de justice sociale ? Allons, on va remettre les mêmes minoritaires, on sait qu’on est dans le vrai. » « Les scandales sexuels des mâles omnipotents affluent ? Ouais, mais regarde ce qu’ils ont fait de leur vie, ils n’ont pas volé leurs légions d’honneur quand même »… Alors vous vous rappelez cette BD vite lue, pas désagréable, où tout n’était que faux-semblants et artifices. Le titre parle de lui-même, « Trompe l’œil », et est tellement adapté à ce grand théâtre cruel qui vous a fait éructer. Dans cette histoire, c’est l’appât du gain (une fois de plus) qui poussera Jade à embarquer son talentueux père dans la reproduction d’œuvres. Mais puisqu’il s’agit de petits gens, ça va leur péter à la gueule, et ils devront trouver bon nombre d’artifices pour échapper au pire. Paul Bona et Damien Martinière nous entraînent dans une histoire d’arnaqueurs arnaqués. C’est souvent drôle et pas désagréable, beau graphiquement et divertissant. C’est peut-être pour vous divertir aussi que vous acceptez parfois de ne pas regarder sous la peinture. Ou alors c’est que vous y croyez. Un peu seul contre tous peut-être, mais vous n'avez pas envie de laisser gagner les faux-semblants et postures qui vous empêchez de lever le doigt en criant : « Bon, ça suffit les conneries là ? On y va ? ».