Scénario : Julia Billet
Dessin : Claire Fauvel
1941. Les parents de Rachel ont confié leur fille à la Maison de Sèvres. Rachel s'appelle désormais Catherine Colin, puisqu'il n'est pas bon d'avoir un tel prénom alors que les lois contre les Juifs ont été intensifiées dans la France occupée. Un réseau de résistance organise la fuite des enfants juifs en zone libre, et ils doivent du jour au lendemain quitter leurs proches, leurs amis, et partir avec des inconnus. Avant de partir, la directrice de la Maison de Sèvres demande à Catherine de photographier la guerre avec son Rolleiflex, afin de pouvoir témoigner plus tard. Les semaines passent, et les enfants ne savent pas comment feront leurs parents pour les retrouver une fois que tout sera terminé, ni même s'ils sont encore en vie. Catherine va dès lors photographie les personnes qui l'hébergent, les enfants qu'elle croise, mais aussi l'horreur du conflit.
Un récit émouvant, notamment lorsqu'il évoque les difficultés des enfants à renoncer à leur identité, ainsi que les multiples séparations. Le roman de Julia Billet (sélectionné par le ministère de l'éducation nationale français) est ici brillamment adapté en BD. La fraicheur du dessin de Claire Fauvel ferait presque oublier le sujet douloureux de cette triste période. Plus qu'un témoignage sur la guerre, on découvre le parcours d'une jeune juive passionnée de photographie, jetée sur les routes d'un monde en pleine débâcle, et qui usera de son art pour raconter les heures les plus sombres du pays. Cette aventure a été inspirée de l'enfance de la mère de l'auteur, non sans quelques fioritures romanesques, et donne lieu à un ouvrage sensible, lucide et poétique.
VERDICT
-
La guerre de Catherine est un ouvrage touchant, sans mièvrerie, et plein d'espoir sur la nature humaine. La lecture est soutenue par les sublimes illustrations de Claire Fauvel.