Il est considéré comme le pire désastre environnemental de l'histoire de l'Équateur et l'un des plus graves au monde. Entre 1964 et 1990, la compagnie pétrolière Texaco a déversé 80.000 tonnes de déchets toxiques et plus de 60 millions de litres de pétrole en Amazonie équatorienne. Avec ces actions, la société a violé les droits de la population locale et détruit un patrimoine inestimable de la biodiversité pour toujours. Deux peuples autochtones ancestraux ont disparu, les eaux souterraines ont été contaminées par des hydrocarbures toxiques et il suffit de creuser quelques centimètres dans le sol pour ramener à la surface les restes de pétrole enfouis par Texaco. En 1993, un groupe d'Indiens a déposé un recours collectif contre la société américaine, exigeant une compensation pour les dommages et les violences subies par trente mille paysans et les populations autochtones des provinces de Sucumbios et Orellana. En 2013, Chevron - qui a racheté le Texaco en 2001 - a été condamné à une indemnité de 9,5 milliards de dollars. Mais même maintenant, six ans plus tard, le géant pétrolier californien refuse de payer.

Il existe une impunité globale des entreprises. Dans le cas de Chevron, nous parlons d’une entreprise ayant un chiffre d’affaires supérieur à cent milliards de dollars. Le problème n’est pas financier, mais bien la menace que le système d’impunité des entreprises entraînerait pour une compensation de cette taille. Au cours de ces 25 années de lutte, les peuples amazoniens ont exercé une formidable résistance. Les populations autochtones et paysannes continuent à utiliser de l'eau contaminée par des hydrocarbures. Il ne restait que peu de sources d'eau potable. C'est un crime très grave et les conséquences pour la santé sont encore plus inquiétantes. Les Arènes BD propose de découvrir cette histoire et celle de Pablo Fajardo, un avocat qui s'est laissé dans un combat qui rappelle David contre Goliath. La journaliste Sophie Tardy-Joubert a travaillé un scénario à partir de l'histoire de Pablo, qui permet de pleinement prendre conscience du drame qui s'est joué en Amérique du Sud. La mise en images de Damien Roudeau permet de découvrir l'inconscience puis la détresse des peuples indigènes qui ne savent pas ce qui va leur arriver. Et la compagnie pétrolière ne fera rien pour les avertir du danger ou les aider. Les planches ont un aspect proche de la BD documentaire, ce qui permet de renforcer encore le réalisme. Le récit est également raconté à partir du point de vue de Pablo Fajardo, à la première personne, et permet de suivre les différents procès ainsi toutes les pressions auxquelles l'avocat va devoir faire face.