Reims, 1918. L'armée allemande s'apprête à lancer dans les prochains jours une offensive sans précédent qui sera supervisée par le Kaiser lui même. L'état-major français décide de mettre sur pied l'opération Directive 4 et de prendre l'ennemi de vitesse : Juste avant que les allemands ne passent à l'offensive, les soldats français abandonneront leurs tranchées pour regrouper leur défense un peu plus loin et surprendre les troupes adversaires lorsqu'elles s'y attendent le moins. Pour que ce plan fonctionne, il faudrait connaître la date précise de l'attaque, et c'est pourquoi le sergent Joseph Darnand se retrouve à la tête d'un commando d'une vingtaine d'hommes qui devront rechercher des renseignements derrière les lignes ennemies. Darnand accomplira sa mission avec talent et se mettra même en danger pour sauver l'un de ses soldats. Serviteur modèle de l'État, il recevra la croix de la légion d'honneur en avril 1927, pour ses faits de bravoure pendant la première guerre mondiale, et il se montrera encore très courageux lors de la campagne de France en 1940. Et pourtant, quelques semaines plus tard, il va se ranger derrière le gouvernement de Pétain ...

Après "Kersten, médecin d'Himmler" et "Forçats", le duo Bedouel / Pena se retrouve dans la trilogie "Darnand". Elle s'intéresse à un homme autrefois considéré comme un héros puis devenu le plus zélé des collaborateurs dans la France de Vichy, où il était chef de la milice. Dans ce deuxième tome, nous sommes à présent en 1943. Le thème de l'histoire est clair : Ange doit s'infiltrer sur l'ordre de la résistance dans la milice collaboratrice où son vieux mentor, Joseph Darnand, commandé par Pierre Laval, est le chef des opérations. Ange est coincé entre sa mission, son ancienne loyauté et ce qu'il doit faire pour survivre. Le scénario de Patrice Perna mélange les faits à la fiction d'une manière très acceptable et attrayante. Le doute que nous avions après la première partie sur l'accumulation de flashbacks s’est évaporé. Cela se lit bien et les choix d'histoire ne se sentent forcés nulle part. Les dessins de Fabien Bédouel y contribuent également, avec une palette de couleurs plus claire depuis Forçats, dans un style réaliste très réussi. Il manque peut être un cahier historique en fin d'album, puisque les mouvements collaborationnistes étaient nombreux dans les années 1940.