Scénario et dessin : Tiburce Oger
d'après l'histoire de Guy-Pierre Gautier
La Roche-sur-Yon, 2015. A l'occasion des cérémonies du 8 mai, Guy-Pierre, 91 ans, grand-père maternel de l'auteur, doit recevoir la Légion d'Honneur pour son rôle pendant la seconde guerre mondiale. Sous la pluie, le vieil homme reste droit et est devenu le représentant de tous les hommes entrés en résistance et morts pour la France. Il se rappelle son enfance à Saintes, son adolescence solitaire et l'arrivée des troupes allemandes à La Rochelle en 1940. Son engagement dans la Résistance, alors qu'il avait à peine 17 ans, lui fait perdre son innocence : il découvre les horreurs de la guerre, voit ses amis mourir aux mains de la Gestapo allemande et finit lui-même par être capturé en envoyé au camp de Dachau …
On peut se dire que c'est un énième album sur le sujet de la seconde guerre mondiale et la Résistance mais quand il s'agit d'une histoire familiale, comme c'est le cas ici, il y a une dimension émotionnelle supplémentaire et intéressante. L'auteur Tiburce Oger met en images les souvenirs de son grand-père maternel et montre son parcours pendant ces années de guerre. L'engagement dans la Résistance se fait tout simplement, comme une évidence. On voit comment chacun pouvait, avec les moyens du bord, influer sur l'occupation allemande, ne serait-ce qu'en distribuant des tracts. On apprécie le fait qu'on montre que ce n'était pas toujours des actions prestigieuses et spectaculaires. Guy-Pierre est attachant car il est fort et fragile à la fois, il reste un adolescent, un adulte en devenir, plongé dans un monde chaotique et effrayant. Au départ, les souvenirs de ses débuts de résistant sont entrecoupés par des flashs du camp de Dachau mais ensuite, la narration devient plus linéaire, plus chronologique. Les risques pris, le danger, les Allemands omniprésents, tout semble mener à l'envoi de Guy-Pierre à Dachau en tant que prisonnier de guerre. Mais les conditions de vie dans le camp sont terribles et l'auteur n'a rien occulté des horreurs vécues. Même le retour à la Libération ne se fait pas sans mal. Le graphisme est assez classique tout en ayant un trait moderne et dynamique et les couleurs sont douces, contrastant avec la dureté du propos.
VERDICT
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Malgré les liens familiaux unissant le héros et l'auteur, ce dernier reste impartial et ne cherche pas à enjoliver quoi que ce soit. Un bel hommage de l'auteur à son grand-père.