Inspiré des films d'action des années 1960-1970, Doggybags est une série de bandes dessinées assez originale dans sa conception. Sid Widow est un broyeur de poussins au rebut dans un couvoir industriel, il fréquente régulièrement une prostituée camée au motel du coin et participe à des combats de chien le weekend. Le reste du temps, il boit des bières. Sid Widow gagne par un malheureux concours de circonstances le gros lot mais comme il ne voit pas plus loin que le bout de son nez, il ne sait pas quoi en faire. Malheureusement pour lui, d autres sauraient quoi en faire. L'argent ne fait pas le bonheur... mais il peut faire celui des autres... Âme sensible s'abstenir ! Quand on est pas très malin, on attire les ennuis. Et les ennuis ça s'accumule.

Comme à son habitude pour Doggybags, Mud nous plonge dans cette Amérique profonde des petites gens misérabilistes et gagne-petit. White trash bas du front, trafiquants à la petite semaine, prostituées, psychopathes et pauvres hères, ce sont les classes les moins distinguées qui sont au cœur de cette histoire pathétique de crasse sociale. Nicolas Ghisalberti est parfaitement dans le thème avec un graphisme typique Doggybags où les personnages portent sur eux leur misère et leur bêtise. Les décors ne sont pas en restent dans la saleté qui les remplit. L'introduction qui décrit les origines du nom de la petite ville Trenchfoot n'a pas grand chose à voir avec l'intrigue mais pose d'emblée le gore visuel et moral que vont s'autoriser les auteurs. Encore un excellent cru de la BD de genre dont Doggybags est le meilleur porte-parole du marché. Un bon vieux Doggybags comme on les aime, trash, noir, avec pour anti-héros, un homme qui quand il tombe sur la chance de sa vie, la gâche faute de savoir quoi en faire.