Dans le New York de 1957, deux gangs de rue s'affrontent dans un quartier en pleine mutation. Riff (Mike Faist) est le chef des Jets, dont les membres sont de jeunes hommes blancs issus de la classe inférieure. Riff a fondé le groupe avec Tony (Ansel Elgort), mais à son grand regret, Tony n'est plus intéressé par l'idée de faire la fête dans les rues. Il travaille désormais dans le magasin de la vieille Valentina (Rita Moreno), qui a autrefois immigré de Porto Rico. Les adversaires des Jets sont les Sharks, de jeunes Portoricains qui leur disputent la suprématie dans le quartier. Leur chef est Bernardo (David Alvarez), dont la jeune sœur María (Rachel Zegler) a récemment quitté Porto Rico pour s'installer en ville. Lors d'un bal dans le gymnase local, María et Tony ont le coup de foudre. Indigné, Bernardo s'interpose - ce contact entre membres de gangs ennemis n'est pas souhaitable ! Il veut défier Tony lors du grand combat qui s'annonce entre les Jets et les Sharks. Mais Tony n'a d'yeux que pour María, qu'il rencontre en secret. Il lui promet qu'il n'y aura pas de combat. Mais Riff, Bernardo et leurs partisans ne se laissent pas arrêter et la situation dégénère tragiquement. Les deux amoureux ont-ils encore une chance ?

La comédie musicale "West Side Story" de 1957, avec la musique de Leonard Bernstein, fait partie des classiques du genre et a été adaptée avec succès au cinéma en 1961. Soixante ans plus tard, un remake sort dans les salles, réalisé par nul autre que le maître réalisateur Steven Spielberg ("Jurassic Park", "La liste de Schindler"). A la question de savoir s'il a réussi à insuffler une nouvelle vie à ce matériau classique, on ne peut répondre que partiellement par l'affirmative. La musique énergique de Bernstein est accompagnée de chorégraphies de danse puissantes de Justin Peck, qui font apparaître à l'écran de manière très pertinente l'atmosphère rude et vibrante du New York des années 1950. Mais les décors, la rivalité belliqueuse des deux gangs et l'amour flamboyant qui ne doit pas être, semblent clairement d'hier. C'est le prix à payer pour la fidélité nostalgique à l'original, qui s'apparente à un hommage. Pourtant, la version de Spielberg peut se montrer sans crainte à côté du film de 1961. Il est fascinant de voir comment les Jets, les Sharks, les Blancs et les Portoricains se mettent spontanément à danser dans les rues, entre les ruines et les chantiers, comment leur force se rassemble de manière explosive. Les hommes de Riff sont des laissés-pour-compte issus de familles brisées, le groupe d'immigrés en herbe de Bernardo est en butte à l'hostilité raciste. Cette histoire intemporelle de gangs ennemis et d'escalade de la violence reste très ancrée dans son époque, avec son fatalisme et son romantisme languissant. Le directeur de la photographie Janusz Kaminski sait merveilleusement bien faire ressortir la force des rêves et de l'espoir sur les visages et les combiner avec un crépuscule parfois accueillant. Spielberg tire nettement plus de la scène de l'escalier de secours, dans laquelle Tony et María se rencontrent en secret après le bal, que le film que Robert Wise et Jerome Robbins ont réalisé en 1961. Ansel Elgort est un véritable monstre dans le rôle de Tony, il allie le courage de l'innocence poétique à la force froide. Rachel Zegler confère à María une fraîcheur de jeune fille qui semble naturelle. Rita Moreno, qui jouait en 1961 le rôle d'Anita, l'amie de Bernardo, a été choisie par Spielberg pour interpréter Valentina à la place de Doc, le propriétaire du magasin, qui était alors un homme. Le rôle s'en trouve joliment revalorisé, car Valentina, en tant qu'immigrée d'une génération précédente, tente de jeter un pont de tolérance.