Les jours heureux
Plate-forme : Bande Dessinée
Date de sortie : 17 Mai 2023
Résumé | Test Complet | Actualité
Editeur :
Développeur :
Genre :
Bande dessinée
Multijoueur :
Non
Jouable via Internet :
Non
Test par

Nic007


8/10

Scénario et dessin : Zuzu

Les jours heureux (Giorni felici) de Zuzu, alias Giulia Spagnulo, est le deuxième ouvrage de la jeune dessinatrice qui avait déjà attiré l'attention du public avec sa première œuvre, "Cheese" (2017), pour l'originalité et la qualité de son style. Le deuxième roman est donc un test important pour l'auteur. Claudia et Piero sont allongés sur un lit simple. Leurs corps nus et enlacés sont dessinés d'en haut. Leurs nez pointus semblables à deux couteaux se touchent sans se couper. Les couleurs pastel, forcées dans les limites du crayon des figures, donnent une idée de mouvement constant. Claudia dit à Piero qu'elle a parfois peur de lui, à cause de sa façon de donner tout ce qu'il fait, alors qu'elle ne s'est jamais sentie entière. Piero répond qu'il ne voit pas en elle une moitié de personne, mais deux en une. Les jours heureux, une œuvre qui prend ses distances avec l'autofiction, donne de la place à la couleur et une histoire qui parvient à être solide, même si elle choisit un chemin non linéaire. Le point de départ, suggéré dès le titre, est le drame théâtral homonyme de Becket, de 1961. Les journées de Winnie et de son mari sont marquées par une cloche qui les réveille le matin et donne le signal de la nuit. La fosse comme métaphore du tragique d'une vie terne et insipide, faite d'apparences et d'endurance, a pourtant pour contrepartie le bonheur incorruptible de Winnie, l'obstination qui la lie à la vie. La seule trace de sa douleur déguisée est le pistolet dans son sac à main. Une arme qui ne tire pas. Dans le roman graphique de Zuzu, cependant, le pistolet tirera.

Claudia, la protagoniste de vingt ans, a appris le monologue de Winnie pour le présenter à une audition qui la fait quitter la maison de vacances où elle était partie avec Piero pour retourner à Rome. Ici, elle rencontre Giorgio, son ancien partenaire, de plusieurs années son aîné. L'histoire se ramifie dans les deux temps du présent où Claudia accepte l'invitation de Giorgio à un apéritif dans lequel le compte des verres vides et le passé se perdent, à travers des flashbacks continus qui retracent leur histoire depuis la première rencontre jusqu'aux crises dues à l'incapacité de Giorgio à accueillir le côté le plus intime de Claudia, sauvage et fragile en même temps. Le pistolet tirera. Peut-être qu'il y aura un homme mort, peut-être pas. Car Zuzu décide de ne pas se livrer à une fin fermée et définitive. Peut-être le projet autobiographique est-il encore trop prédominant, peut-être certains éléments sont-ils un peu naïfs, comme la construction du couple oppositionnel Claudia-Giorgio centrée sur un choc générationnel, Claudia reprochant à son partenaire de s'être endurci, d'être devenu quelqu'un qui ne pense qu'à aux choses matérielles. Alors qu'elle pourra toujours s'exposer et montrer sa fragilité. Cependant, ce sont des passages qui se justifient par l'âge du protagoniste et par le goût naïf que le choix du pastel donne au dessin ; un choix qui, d'ailleurs, le rend encore plus incisif, notamment dans les scènes qui deviennent plus brutes et tendues dans le final. Zuzu a donné une visibilité et une nouvelle vie à la bande dessinée italienne, réussissant à être pop sans être pop.

VERDICT

-

Une bande dessinée imposante par son format, 458 pages marquées par une narration en images qui confirme le talent d'auteur de Zuzu et laisse imaginer son rôle de plus en plus important dans la nouvelle bande dessinée italienne de ces dernières années.

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