Showing Up
Plate-forme : DVD
Date de sortie : 01 Septembre 2023
Résumé | Test Complet | Images | Actualité
Editeur :
Développeur :
Genre :
film
Multijoueur :
Non
Jouable via Internet :
Non
Test par

Nic007


8/10

Réalisé par Kelly Reichardt.

Showing Up fut l'un des derniers petits films discrets à clôturer la Compétition Cannes 75. Le film marque le retour à la réalisation de Kelly Reichardt, cantrice du cinéma indépendant américain sur les angoisses des grandes banlieues américaines. Un film intime capable de sonder des émotions et des troubles si privés et cachés qu'ils en paraissent inaccessibles. C'est un film qui réfléchit sur la genèse de la création artistique et qui a besoin d'un certain temps pour réussir à pénétrer l'âme du spectateur, d'abord un peu étourdi (pour ne pas dire dérouté) par une pluralité de personnages autour desquels on ne sait pas tout de suite à qui se raccrocher. Mais c'est là qu'un pigeon imprudent parvient à créer le miracle et à nous attacher inextricablement à ce petit film. La création d'une œuvre exige de la concentration, des sacrifices et un état d'esprit qui permette à l'artiste de se concentrer sur son œuvre sans distractions excessives. Mais la vie doit continuer, l'existence exige des confrontations, continues et inévitables, avec des personnes et des contextes qui, même si nous essayons de les éviter, se présentent à nous en barrant des chemins occupés par des intérêts plus naissants. Lizzie, une jeune sculptrice peu connue, se concentre sur la mise au point de ses dernières créations et sur la composition de l'exposition qui se tiendra dans la banlieue de la ville de Portland où elle vit. L'événement représentera, pour le meilleur ou pour le pire, l'ultime tournant pour émerger ou, au contraire, pour décider d'abandonner. La jeune femme vit avec un chat roux, perpétuellement affamé, dans une maison où elle crée ses œuvres, s'efforçant de les terminer pour la présentation officielle imminente. Un peu inquiète, mais peut-être encore plus déprimée et insécurisée, le jour où un pigeon s'écrase sur une fenêtre de sa maison, la brisant (avant d'être attaqué par le chat roux), la vie de la jeune femme va prendre un tournant positif, ouvrant son esprit à de nouveaux horizons et à une nouvelle sécurité. À l'angoisse de la meilleure préparation pour le vernissage désormais imminent, à la nécessité de faire face aux collègues et à une famille sympathiquement un peu intrusive et harcelante, s'ajoutera la nécessité de s'occuper du pauvre oiseau laissé handicapé et soigneusement bandé après l'intervention d'un voisin assidu. Un stress supplémentaire qui, cependant, amènera Lizzie à trouver la bonne façon de dédramatiser et de se préparer au mieux à gérer ce tournant important.

Kelly Reichardt et son cinéma de banlieue farouchement indépendant parviennent, après une inévitable période de rodage qui nécessite au moins un quart d'heure d'installation nécessaire, à accueillir le spectateur dans un monde où le minimalisme et les nuances des personnages finissent par devenir une conscience et rendent tout plus perceptible et épidermique. Reichardt vivisecte les liens parentaux, les familles apparemment unies (mais en réalité si dévastées par l'insensibilité et l'égoïsme) ainsi que les amitiés et les liens professionnels, et choisit un protagoniste autour duquel tourne une série de petits événements, apparemment insignifiants, tels que le soin d'un pigeon blessé, afin d'observer comment un petit événement peut contribuer à pousser l'individu à modifier ses attentes et ses attitudes quelque peu résignées ou insubstantielles qui, autrement, le conduiraient à se replier sur lui-même et à subir en tant que victime un destin qui s'acharne à condamner à la médiocrité même ceux qui en valent la peine et qui possèdent le nombre nécessaire pour se faire un nom. Avec Showing up, Reichardt confirme qu'elle est une excellente cinéaste. Avec son cinéma, elle parvient à faire entrer le spectateur dans son univers un peu campagnard, à travers un regard obsessionnellement indépendant aux accents encore une fois "mumblecore". Le personnage central trouve, à travers une petite mésaventure apparemment anodine, la force d'arriver à ce tournant qui constitue finalement la différence entre l'oubli prédestiné et la rédemption à laquelle on n'a jamais vraiment cru. Michelle Williams, splendide et sciemment feutrée, revient, après Wendy and Lucy, Meek's Cutoff et Certain women, pour la quatrième fois collaborer avec sa réalisatrice fétiche, et elle se révèle magnifique dans son anéantissement et sa sous-estimation, donnant à sa Lizzie les connotations d'un personnage digne de la petite et craintive Mia Farrow du meilleur Woody Allen des années 1980.

VERDICT

-

Kelly Reichardt revient nous offrir un aperçu de l'Amérique des banlieues, en se concentrant sur le monde de l'art et de l'inspiration qu'il faut conquérir et questionner en interagissant avec une vie réelle qui n'attire ni n'intéresse, et dont on s'éloigne souvent. Le film a besoin d'être apprivoisé, mais il réussit à gagner le cœur et les sentiments de ceux qui s'y confrontent.

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