Tintin, Les Bijoux de la Castafiore - Edition Journal Tintin
Plate-forme : Bande Dessinée
Date de sortie : 04 Octobre 2023
Résumé | Test Complet | Actualité
Editeur :
Développeur :
Genre :
Bande dessinée
Multijoueur :
Non
Jouable via Internet :
Non
Test par

Nic007


8/10

Scénario et dessin : Hergé

Dans Les Bijoux de la Castafiore (1963), les principaux protagonistes de la série se retrouvent à Moulinsart pour vivre à huis clos une véritable comédie classique. Tournant définitivement le dos à l'aventure pour se concentrer sur la difficulté de la communication entre les gens, c'est une « anti-histoire » pleine d'erreurs et de malentendus tous plus amusants. Haddock se blesse en tombant dans les escaliers. Un morceau de marbre se détache d'une marche et le réparateur  retarde sans cesse la réparation. Bianca Castafiore et son entourage annoncent à l'improviste leur arrivée à Moulinsart et Haddock panique spontanément. Une telle nouvelle ne peut être effacée par un seul verre. Bianca Castafiore offre un perroquet au capitaine pour le remercier de son hospitalité. Cela donne lieu aux scènes requises. Le capitaine Haddock est associé par la presse à scandale à la diva qui est son invitée. Mille milliards de mille sabords ! Et Bianca Castafiore se donne à fond dans le rôle de la diva mondialement connue. Elle se pâme lorsque ses bijoux se révèlent avoir été volés au mauvais moment. Le duo Dupont et Dupond n'apporte aucun soulagement. Et puis il y a le professeur Tournesol. Il invente d'ailleurs la télévision couleur et une nouvelle sorte de rose. Bien sûr, l'intelligence dont Tintin est doté offre une solution dans le sinistre épisode du vol de bijoux.

Il faut reconnaître que ce fut une décision très courageuse de créer une histoire de Tintin comme « Les bijoux de la Castafiore », si éloignée des aventures habituelles du personnage, même s'il est vrai qu'à cette époque le reporter belge était si célèbre (c'était déjà son vingtième album) que n'importe quel scénario aurait eu des ventes ; Une autre chose serait les dommages qui pourraient être causés à la demande pour ses prochaines aventures. Mais ne semons pas tant d'hostilité, ce n'est pas un mauvais album, cC'est tout simplement différent, en dehors des sentiers battus habituels, un peu (ou beaucoup) étrange. Un peu comme si une bande dessinée de Blake et Mortimer était une tragi-comédie romantique qui se terminait par le mariage de l'un des deux protagonistes ; ou comme si la nouvelle intrigue d'Iznogoud devenait un drame où finalement son fidèle Dilat Larath mourait d'une maladie incurable ; ou comme si le nouveau western du lieutenant Blueberry avait l'intrigue typique d'une sitcom pleine de bévues et de sales blagues. L'expérience fut la suivante : Hergé publia dans la revue Tintin, une à une et de manière hebdomadaire, les 62 planches habituelles des épisodes de sa création universelle (désormais restaurés). Elle commença en juillet 1961 et se termina en septembre 1962. Les lecteurs « souffrants » durent attendre pendant tout ce temps d'avoir terminé l'intégralité de l'ouvrage, qui, à proprement parler, n'avait rien de spectaculaire. Mais oui, Hergé, comme un Dan Brown des années soixante, terminait presque toujours chaque page par une vignette où il quittait l'action à mi-chemin, avec quelque chose de surprenant qu'un personnage regardait, semant l'inquiétude sur ce qui allait se passer ensuite ou décrivant une indication que quelque chose allait se passer, il avait résolu un mystère sans dire comment... Le mystère fut éclairci dans la vignette suivante de la page suivante... Dès la semaine suivante ! Hergé a-t-il posé les bases de la technique d’écriture des best-sellers modernes ? Peut-être, mais ce qu’il voulait sûrement jauger, c’était la patience de ses lecteurs. La bande dessinée est essentiellement une sorte de pièce de théâtre, une comédie de situation (de ce qu'on appelle l'enchevêtrement) où de nombreux personnages secondaires continuent d'entrer et de sortir, sans que nous sachions si chaque intervention aura un sens dans l'intrigue principale ou s’ils ne sont qu’une diversion, des faux-fuyants pour nous tromper. Comme vous pouvez le constater, un genre très éloigné du personnage. A tel point que le périmètre de l'action est très limité, comme la scène d'un théâtre : le château de Moulinsart, la « humble » demeure de l'irascible capitaine Haddock, et les jardins et champs qui l'entourent. Rien de plus. Aussi surprenant que cela puisse paraître, on se retrouve face à une intrigue Tintin sans voyage, sans action, sans paysages exotiques, sans méchants, sans dénonciation sociale (ou presque), sans énigmes importantes. Mais Hergé était un génie (méchant, en l'occurrence) capable, comme on dit, de ne rien raconter pendant 62 pages et de tenir accro jusqu'au bout. La réalisation de l'album est impeccable. La comédie légère (ou intelligente) habituelle de la saga est plus renforcée que d'autres fois, la ressource des « jeux de mots » est également utilisée. Par exemple, Castafiore appelle le pauvre capitaine de mille manières différentes, sans jamais comprendre correctement son vrai nom. Le célèbre designer « Tristian Bior » est également nommé ou certains titres de magazines assez célèbres sont nommés. En revanche, Hergé et ses célèbres « assistants » – Jacobs (Blake et Mortimer), Bob de Moor (Barilli) et Jacques Martin (Alíx) – avaient déjà atteint le degré maximum de perfection dans le dessin de personnages et de décors. On le voit sur la planche 12 où le déploiement des gitans est illustré de manière très détaillée à leur arrivée aux portes du château ; ou dans le dessin des téléviseurs ou des appareils d'enregistrement de l'époque.

VERDICT

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Le château peut être considéré comme un théâtre et, dans la pièce qui y est jouée, de nombreux acteurs se croisent. Outre les résidents légitimes, un médecin, des gitans, une diva auto-invitée et son entourage, un marbrier fantomatique, des paparazzi, un groupe de musique, une équipe de télévision, un agent d'assurance débouté, deux policiers, deux employés du déménagement se succèdent et interagissent. L'histoire se réduit à quelques vols présumés et à une seule disparition, celle de l'émeraude. Les coupables possibles sont nombreux. Présente au début et à la fin de cette aventure, une pie innocente mais espiègle perturbe un ordre apparemment établi. Le 21e album de la série de bandes dessinées Tintin est l'un des plus hilarants de la série.

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