"Le Retour"" est le deuxième film de Catherine Corsini à concourir pour la Palme d'Or. Le troisième à Cannes. Il est intéressant de constater que le festival le plus important du monde insiste sur un cinéma aussi commun, qui se vend sur ses drapeaux sociaux mais ne peut pas se débarrasser de ses scénarios sommaires. La séquence d'ouverture du film ne prend même pas la peine de cacher qu'il s'agit d'une arnaque. Une femme qui semble partir avec ses deux jeunes filles reçoit un appel téléphonique et devient désespérée. La scène s'arrête là et nous projette 15 ans en avant, sans aucun indice sur ce qui aurait pu déclencher cette réaction. Corsini pense que le "mystère" qu'il a mis en place par cette astuce gratuite suffira à maintenir l'intérêt du spectateur. Mais tant qu'il n'est pas résolu, il est très facile de s'en désintéresser.

Outre le feuilleton que la structure du scénario suggère, "Le Retour" est un drame social français dans tous ses clichés : Khédidja, la femme de la scène d'ouverture, revient sur son île natale en tant que nounou. Elle a pour mission de s'occuper des enfants d'un couple aisé qui y passe ses vacances. Elle emmène avec elle des souvenirs et ses deux filles. Les filles savent qu'elles sont nées là-bas et que leur père est mort. C'est tout. Et l'on découvre rapidement que le réalisateur va continuer à faire monter le suspense sur ce qui s'est passé et sur le lien avec la première scène tout au long du film. Entre les deux, des conflits de classes sociales, des conflits d'adolescents, des conflits amoureux. Aussi basique que possible. C'est un film où le casting féminin est bien meilleur que ses personnages, aplatis par un scénario évident. La réalisatrice réitère son association avec Aïssatou Diallo Sagna, avec qui elle avait déjà travaillé sur "La fracture", mais ce sont les adolescentes qui se distinguent, notamment la force de la nature Suzy Bemba, qui incarne sa jeune - et rebelle - fille.