Journal de 1985 Plate-forme : Bande Dessinée Date de sortie : 04 Septembre 2024 Editeur : Développeur : Genre : Bande dessinée Multijoueur : Non Jouable via Internet : Non Test par Nic0078/10 Scénario et dessin : Xavier Coste Dans 1984, nous suivions Winston Smith , un fonctionnaire du ministère de la Vérité , chargé de censurer et de réécrire l'actualité du présent et du passé, selon la devise d'Ingsoc, le parti qui gouverne la superpuissance d'Océanie depuis Londres : " Celui qui contrôle le passé contrôle l’avenir. Celui qui contrôle le présent contrôle le passé". Le contrôle de l'information est l'une des tâches principales de ce ministère. Un autre est l'expansion de la novlangue : une simplification progressive du langage qui vise à effacer les mots de la communication citoyenne, avec l'idée que les concepts qui ne peuvent pas être exprimés ne peuvent être pensés, obtenant ainsi une société plus obéissante. Conscient de l'ampleur de son travail et des mensonges que propage le ministère, Winston Smith devient progressivement désillusionné par la société dans laquelle il vit, et au lieu de ressentir l'adoration que la plupart éprouvent pour Big Brother , il se sent opprimé et cherche la liberté, ce qui l'amène peu à peu à changer. Dans Journal de 1985, un individu masqué tague un visage géant sur le mur d'un immeuble de Londres. Les autorités essayent de l'arrêter, sans succès, mais le mystérieux homme égare dans sa précipitation le livre de Winston, un essai qui a dû être réalisé par quelqu'un en contact avec Winston Smith durant sa captivité. La milice n'aurait désormais de cesse de traquer toutes les personnages qui ont été en contact avec Winston Smith. Les arrestations vont se succéder et tous les suspects arrêtés avoueront leur crime. Le camarade O'Brien est le dernier homme a avoir croisé la route de Winston, il sera lui aussi interrogé et qu'il risque l'exécution pour crime d'Etat, mais il sait qu'il n'est pas responsable. Alors qui a bien pu écrire ce manifeste ? Un homme nommé Lloyd apparaît dans la foule ... Il y a quelques années, un débat a éclaté sur différents réseaux sur la dystopie à laquelle le monde réel se rapprochait. Les deux plus probables semblaient être Le Meilleur des Mondes , qui présentait une société manipulée, contrôlée et engourdie, et 1984, qui présentait une société également contrôlée, mais par une surveillance et une répression manifestes. Au fil du temps, nous avons constaté que ce débat était tristement optimiste. La manipulation que nous subissons depuis longtemps avec le pain et les cirques est assez évidente, mais ce n'est pas la seule manière dont nous sommes contrôlés : ces dernières années, l'autoritarisme est devenu plus quotidien qu'il ne le devrait. Peut-être devrions-nous garder les deux romans à l’esprit lorsque nous regardons par la fenêtre. En 2021, soixante-dix ans après la mort de George Orwell, l’ensemble de son œuvre entre dans le domaine public. C’est pourquoi, pas moins de cinq adaptations de 1984 ont été publiées en France, l’une de ses œuvres les plus importantes et qui a trouvé un écho particulièrement fort dans une société qui venait de sortir d’un confinement international dû au COVID-19. Avec 1984, Xavier Coste avait pris le roman original et l'avait transféré au récit graphique avec un respect presque révérencieux, dans un adaptation presque littérale. Désormais, il a les coudées plus libres pour cette suite, même si l'auteur a du sentir davantage de pression du coup. L'auteur réussit à transposer les préoccupations contemporaines dans un cadre qui reste fidèle à l’esprit de 1984. Il y aborde des thématiques actuelles comme la surveillance de masse, la déshumanisation par la technologie, et l’oppression de l'individu, tout en conservant des échos du livre d'Orwell. Il utilise son format carré inhabituel avec une ligne viscérale, presque expressionniste, mais en même temps élégante, alternant des moments agressifs avec des moments étonnamment intimes. L’utilisation du texte y contribue. Il y a parfois des dialogues, mais il y a un bon nombre de pages muettes - même si certaines crient avec l'image - et la plupart ont des textes à l'appui qui nous transportent dans la tête du héros. Cette continuité se reflète aussi dans le dessin. La plupart des pages utilisent principalement du gris, en adéquation avec le monde dans lequel se déroule l'histoire, ainsi qu'une variation de nuances d'une seule couleur supplémentaire. Et elles ne sont pas choisies au hasard, la couleur a une fonction narrative. Par exemple, le rouge est la couleur dominante dans les moments de sincérité. VERDICT-1984 est une œuvre qui a profondément marqué le monde de la bande dessinée. Sa lecture est essentielle dans ce monde dans lequel nous devons vivre. Journal de 1985 est au beau prolongement, il est pessimiste, sans aucun doute. Avec une touche de misanthropie aussi. Mais aussi prophétique et réaliste. Cette bande dessinée est un complément fortement recommandé au roman original, avec une puissance visuelle qui ravira aussi bien ceux qui connaissent le médium que ceux qui ne le connaissent pas. |