Scénario et dessin : Juni Ba
Alors que la Terre est engloutie sous les eaux, le Capitaine Nemo parcourt le fond des océans à bord de son Nautilus. Assisté de Conseil, une IA prévenante, il recueille dans une capsule de stase Arona, une fillette déterminée et intelligente. D'abord éduquée par Conseil tandis que Nemo mène de sombres activités liées à son passé mystérieux, une étrange relation mentor/apprentie se noue petit à petit entre les deux rescapés. Bousculant et questionnant les certitudes du vieux marin bourru, la jeune fille porte un renouveau mais une question reste coincée entre eux : quel avenir reste-t-il lorsque le monde a déjà coulé ?
Après l'excellent et foutraque Monkey Meat, l'auteur Juni Ba nous offre cette fois un récit beaucoup plus "raisonné" : nous sommes devant une réécriture moderne du mythe du Capitaine Nemo qui abandonna l'humanité devant son incompétence à modérer ses excès qui mèneront à la chute des civilisations. Mobilis commence par une brève histoire de fond selon laquelle le monde est désormais envahi par des monstres et, d'après ce que le lecteur peut voir, se trouve désormais sous l'océan. Nous rencontrons une petite fille qui se réveille dans le sous-marin et à qui un robot parle. Nous découvrons rapidement que le capitaine ne voulait pas sauver cette petite fille, mais le robot, Conseil, l'a également convaincu, mais lui demande de la tenir loin de lui. Son nom est Arona. Des semaines passent et Arona s'est acclimatée à sa nouvelle vie sur le navire Conseil comme seule compagnie. Elle entre accidentellement dans les quartiers du capitaine Nemo où ils se rencontrent enfin et sa personnalité pleine d'esprit attire son attention. Il s'intéresse à elle et devient son professeur pour lui apprendre tout ce qui concerne le Nautilus et la mer. Au delà de sa dimension vernienne d'exploration des profondeurs marines, c'est à la fois une fable écologiste et une belle histoire d'amitié et de parentalité adoptive qui sont racontées ici. Le dessin de l'artiste est toujours aussi déconcertant mais tellement bel et bon. Il y a du Mignola dans ses décors sous-marins et ses monstres aquatiques mais l'ensemble est très personnel et magnifique de colorimétrie et de dynamisme.
VERDICT
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Un one-shot de toute beauté et qui vous emportera bien plus loin qu'au fond des océans.