Sioban est de retour chez elle, mais le repos est encore loin. Si la plupart des clans de l’Eruin Dulea tombent sous le charme fatal d’Aylissa, ils hésitent encore à frapper les Loups Blancs, et la guerre mijote aux feux ténébreux de la sorcellerie - car l'héritier des Gerfaut essaie de blanchir son nom en poussant Aylissa a decouvrir les secrets des Moriganes qui, jadis, avaient conquis l'île. La lutte de pouvoir atteint son paroxysme entre les clans qui se déchirent sur Eruin Dulea. Le retour de Sioban auprès de sa mère Lady O’Mara n’est pas pour apaiser les tensions. La jeune sudenne au caractère bien trempé n’a pas l’intention de laisser sa méphitique cousine parvenir à ses fins malfaisantes quelles qu’elles soient. Le plan d’Aylissa est simple et passe par un complot savamment orchestré pour détrôner la génitrice de Sioban et ce avec l’aide de nombreux autres clans qui se sont ralliés à elle, avides d’une place plus enviable dans l’arène du pouvoir. Dans cette lutte de domination, Aylissa pourrait bientôt disposer d’une redoutable botte secrète grâce à l’intervention d’une mystérieuse statue. Cette dernière, surnommée la bien-aimée, fait ressurgir le souvenir lointain des femmes moriganes, exterminées par les chevaliers du pardon, une guilde à laquelle appartient le fidèle Seamus. Lui aussi revient sur le devant de la scène après avoir été sauvé d’un trépas certain par la dernière représentante d’une caste qu’il était sensé éliminer. Quelle ironie ! Alors que l’affrontement entre le clan des Heron et le clan des Loups Blancs semble inévitable, un improbable mariage est proposé pour aplanir les différents. Mais pour les deux camps il est évident qu’il ne s’agit là que d’une mutuelle manigance stratégique pour prendre le dessus sur l’adversaire…

Avec ce quatrième opus du quatrième cycle, Dufaux et Teng dévoile l’origine d’une complainte restée secrète jusqu’alors et qui, pervertie, pourrait bien faire basculer la destinée d’Eruin Dulea du côté obscure de la force. Les dangers viennent du passé dans ce quatrième tome de la saga des Sudenne - mais ce sont les vainqueurs qui écrivent l’histoire et, donc, le passé. Est-ce qu’Aylissa parviendra à ses fins? On ne le saura pas, car ce n’est pas le dernier tome de ce cycle - et le récit devient de plus en plus mélodramatique (mais toujours aussi prévisible, car les éclipses de raison et les coïncidences fortunées sont légion). Dufaux contrôle bien la tension narrative, les nouveaux (anciens…) personnages sont intéressants, et le petit louveteau semble être destiné à avoir son cycle à lui, après la fin de ce conflit. Teng essaie toujours d'émuler Rosinski, avec un travail artistique qui est brutal et parfaitement adapté aux réalités d'un monde à l'aube d'un nouveau tournant dans l'histoire du royaume insulaire, qui déterminera son existence future. Somme toute, un album accrocheur, qui se lit rapidement et qui fait un peu bouger l'intrigue.