11 juin 1916. Le sous-lieutenant Henri Herduin écrit une ultime lettre à sa femme, jurant qu'il n'a pas déserté l'armée française et que l'on va le condamner à tort à être fusillé lors de la bataille de Verdun. Voyant la supériorité allemande écrasante et après avoir déjà accusé de lourdes pertes, les officiers Herduin et Millant décidèrent en effet de rebrousser chemin, un acte jugé comme un acte de lâcheté par leur colonel en chef. Lorsque sa veuve Fernande reçoit enfin la lettre, elle décide de mener le combat afin de le faire réhabiliter pour lui faire retrouver son honneur. Lors d'une commémoration après la fin de la première guerre mondiale, Auguste (un ancien poilu défiguré suite au conflit) donne rendez-vous à Fernande et lui donne sa version des faits. Tout n'est que désolation dans la campagne lorraine, il n'y a plus de route ni de village, mais Fernande recherche la tombe de son époux. Elle va tout mettre en œuvre pour que le dossier puisse être rouvert et dépose plainte contre les anciens chefs d'Henri. Le secrétariat d'état de la justice militaire n'ayant aucun intérêt pour cette affaire, Fernande décide de contacter les médias afin de toucher l'opinion publique en faisant passer son message.

Ce troisième tome de Verdun s'appuie sur une histoire vraie où une femme a dû batailler ferme pendant dix ans avant que les choses changent et que des lois puissent être promulguées afin de réviser ces procès expéditifs. Cet épisode peut se lire en totale indépendance des autres volumes, et relate un épisode très sombre du conflit. Si les faits relatés sont d'une exactitude historique remarquable, le scénariste a placé la caméra à hauteur d'homme pour mieux émerger le lecteur au cœur de la bataille, qui change de nature par rapport aux précédents opus. La BD alterne les séquences judiciaires et les flashbacks sur le champ de bataille. Le dessin est remarquable, et les couleurs crépusculaires mettent en exergue l'ambiance sombre qui régnait à l'époque.