Il faut bien qu'il y ait un premier... Une découverte ne dure que l'instant d'un battement de cil, un horizon disparaît à chaque pas qui nous rapproche de lui et un gouvernement s'effondre dès lors que la majorité ne croit plus en lui... C'est sur une planète habitable, loin de l'Histoire de l'Humanité et de son héritage horrible que nos héros cherchent un sens à leur survie. Ils ne connaissent presque rien de ce nouvel environnement et l'exploration, dans le sens le plus dangereux du terme, apparaît comme le seul moyen pour cette nation naissante de comprendre ce monde et d’espérer une symbiose. Il en est des gens à qui manque cet esprit d'harmonie car dans cet atoll, on vient tout juste de se libérer du joug du Grand Tout...

Nous vous résumerions bien l'histoire du généralissime tome 1 mais nous ne voudrions pas vous divulgâcher cet album de SF que l'on repose en se demandant "qu'est-ce que c'est que d'être humain ?". Disons que l’univers dans lequel vous vous retrouvez semble très idyllique au début, mais il devient plus sombre et plus démoniaque vers la fin. La sauce moralisatrice qui accompagne l'action et l'aventure est forte. La question à laquelle nous confronte le couple de scénaristes Denis Bajram-Valérie Mangin est le pourquoi de la présence de l'homme au monde. Donc dans ce sanctuaire, on découvre les différences et l'individualité mais aussi l'intolérance et la jalousie. Tous les peuples ont des débuts hasardeux mais celui-ci s'offre le fardeau de venir à la fois de la mer, à la fois du volcan et à la fois des étoiles ! Comment est-ce qu'un futur commun pourrait bien se conjuguer ? La solution viendra peut-être d'encore plus loin... Le salut pourrait bien se matérialiser dans le cœur des hommes et dans la compassion des femmes. L’histoire nous a complètement tenus en haleine avec Dennis Bajram (Universal War) et Valérie Mangin (Alix Senator) à leur meilleur. Les dessins de Thibaud de Rochebrune sont bien réalisés. Les belles perspectives et la diversité des paysages sont particulièrement frappantes. Rochebrune est clairement le meilleur pour représenter des décors. Montrer des émotions dans un large éventail de personnages n’est pas si simple pour lui. La coloration apporte ce petit peu de menace supplémentaire. L’histoire prend même une atmosphère lugubre et cauchemardesque.  Il ne s'agit pas vraiment d'un tome 2 mais plutôt d'un second one-shot au goût de naufragés face à une île bien mystérieuse.