Zak (Zack Gottsagen), la vingtaine, passe ses jours, faute d'un meilleur endroit pour lui, forcément dans une maison de retraite en Caroline du Nord. Ses parents ont un jour renoncé à lui ; apparemment, ils n'avaient pas envie de s'occuper d'un enfant handicapé. Sa famille alternative est maintenant composée de personnes âgées et de la soignante Eleanor (Dakota Johnson), une étudiante qui travaille comme bénévole dans la maison de soins. Zak rêve de rencontrer son grand héros : Salt Water Redneck (Thomas Haden Church), un lutteur de spectacle qui a connu son apogée quelque part dans les années 80 et qui, après sa carrière active, a fondé une école de catch dans le sud de la Caroline du Sud. Zak n'aimerait rien de plus que de s'inscrire à un entraînement de lutte avec son héros et fait plus d'une fois une tentative d'évasion de la maison, aidé par les plus vilaines personnes âgées. Un soir, après avoir visionné pour la énième fois sa cassette vidéo de Salt Water Redneck, Zak tente à nouveau de s'échapper. Il reçoit l'aide de Carl (Bruce Dern), qui lui conseille de se barbouiller de savon pour pouvoir se glisser plus facilement entre les barreaux. Très tôt le matin, Zak s'exécute, vêtu d'un grand slip blanc et sans rien d'autre avec lui.

Tyler (Shia LaBeouf) est un profiteur hanté par un traumatisme dans lequel son frère bien-aimé (Jon Berthal) a été tué. Il essaie de joindre les deux bouts en pêchant, mais lorsqu'il vole les filets à crabes des autres, il a Duncan (John Hawkes) et son inséparable "lourd" Ratboy (le rappeur Yelawolf) derrière lui. Par vengeance, Tyler met le feu à des dizaines de milliers d'euros d'engins de pêche de Duncan dans un moment sans surveillance. A partir de ce moment, c'est un homme en fuite. Il s'enfuit dans son bateau à moteur, mais il s'avère qu'il y a un passager clandestin à bord : Zak. Au début, il le voit comme un boulet à sa jambe et veut laisser le garçon à son sort, mais il n'arrive pas à ne pas s'en soucier. Certainement pas quand il apprend que Zak est en fuite tout comme lui : les deux semblent avoir plus en commun qu'il ne le pensait à première vue. Ils décident de réaliser le rêve de Zak, et se rendent à l'école de lutte de Salt Water Redneck, entre-temps poursuivie par la désespérée Eleanor et les furieux Duncan et Ratboy. Les roadmovies ont généralement une intrigue assez formelle, il est donc important que les cinéastes se distinguent par leur atmosphère, leurs personnages attachants et leurs rôles forts, et c'est dans ces domaines que "The Peanut Butter Falcon" obtient d'excellents résultats. Nilson et Schwartz nous plongent dans l'atmosphère authentique du Grand Sud, avec ses marécages sans fin, ses côtes impressionnantes et ses étendues sauvages pénétrantes, qui, grâce au directeur de la photographie Nigel Bluck, sont saisies en images de façon sensuelle et rêveuse (le détail amusant est que le film n'a pas été tourné en Caroline mais en Géorgie, mais cet État a une nature similaire). Grâce à une bande-son chaleureuse et atmosphérique pleine de bluegrass, d'Americana, de folk et de spirituals, vous pouvez réellement vous imaginer dans le sud profond des États-Unis. Gottsagen est peut-être le moins expérimenté, mais il convainc dans un rôle qui n'est probablement pas loin de sa propre personnalité et - plus important - nous attrape dès la première minute avec son caractère rebelle. Shia LaBeouf a été si souvent dans l'actualité ces dernières années à cause d'escarmouches privées (ivresse publique, colère et mauvaise conduite générale) que l'on en oublierait presque qu'il est un acteur plus que solide. Dans ce long métrage, il est à son meilleur niveau, dans un rôle particulièrement stratifié où, sous une apparence sulfureuse et une attitude rebelle et anticonformiste, se cache un homme brisé qui n'a jamais pu faire la paix avec son passé. Sa rencontre fortuite avec le désarmant Zak lui donne une nouvelle emprise. L'amitié et la fraternité qui jaillissent de l'écran sont sincères et contagieuses.