L'homme qui marche (Aruku Hito) est un ouvrage unitaire publié au Japon aux éditions Kodansha. Un homme, un chien et bien des chemins à parcourir. Cet homme veut échapper à l'agitation de la grande ville et prend délibérément le temps de faire de nombreux détours qui le mènent à de nouveaux endroits et l'étonnent. Et pourtant, il finit toujours par retrouver sa maison et sa vie normale, enrichi d'une nouvelle expérience. Pour la première fois, ce manga est publié en version originale en France (donc avec un sens de lecture inversé).

Jiro Taniguchi est certainement devenu entre-temps un artiste qui connaît le succès non seulement au Japon, mais aussi en Europe. Ce n'est pas étonnant, car il est l'un des rares mangakas japonais à ne pas imposer ce style si caractéristique des mangas. Ses dessins correspondent plutôt à des œuvres européennes et c'est ce qui fait qu'il est si facile pour le lecteur français de se plonger dans son univers et de lire ses œuvres. Bien sûr, son environnement est toujours marqué par le Japon et certains rituels représentés semblent un peu étrangers. Mais ce ne sont que des phénomènes marginaux dans des histoires qui peuvent aussi fasciner plus d'un fan d'albums francophones. Il n'est donc pas étonnant que Casterman s'y soit intéressé."L'homme qui marche" est un manga qui se contente de très peu de mots et nous ne pouvons donc globalement nous fier qu'à quelques faits. Mais ce ne sont pas non plus les faits qui intéressent Taniguchi. Il veut nous montrer un monde tel que nous ne le percevons plus dans l'agitation actuelle, ou du moins que nous l'ignorons. Il nous montre la beauté de la nature ou simplement l'effet d'un jet d'eau au bon moment. Il nous montre que cela fait tout simplement du bien de se dépenser totalement. Ce sont des moments d'émotion dans la vie de cet homme qui se promène et dont nous ne connaissons ni le nom, ni la profession, ni le lieu de résidence. Mais le lecteur découvre aussi sans grands mots des particularités sociales importantes du Japon, comme par exemple la floraison des cerisiers, qui représente un moment important dans la culture japonaise. En tant que lecteur, il ne faut pas lire l'homme qui marche dans un environnement agité ou entre deux portes. Il faut prendre le temps d'apprécier cet ouvrage, peut-être avec un verre de vin rouge lors d'une soirée détendue. C'est exactement ce que veut Taniguchi : Que l'on se débarrasse du quotidien et que l'on parvienne à s'émerveiller des merveilles de la nature. Peut-être que la prochaine promenade ne sera plus très loin. S'il y est parvenu, alors cette bande dessinée aura atteint son objectif.