Gleipnir est une série en quatorze tomes parue au Japon aux éditions Kodansha. Shûichi Kagaya était un adolescent ordinaire jusqu'à ce qu'un jour il acquiert la possibilité de se transformer en monstre aux pouvoirs hors-normes, une sorte de mascotte à l'apparence de chien. Après avoir sauvé Claire Aoki, une de ses camarades de classe, d'un incendie, son identité est découverte et la jeune fille le fera chanter. Elle révèlera son secret si Shûichi n'accepte pas de l'aider à retrouver sa sœur disparue, suspectée d'avoir assassiné leurs parents après avoir été victime d'une transformation identique à celle de Shûichi. Claire découvre qu'elle peut pénétrer à l'intérieur de Shûichi lorsqu'il est transformé en monstre par le biais d'une fermeture éclair (voir la couverture du premier tome). La rencontre du héros avec Claire va l'entraîner dans des affaires louches alors que de nombreux monstres commencent à faire des ravages en villes. Ce premier ouvrage de Sun Takeda à voir le jour en France présentait à première vue une trame de shonen classique, et pourtant l'ambiance s'avère beaucoup plus sombre qu'escomptée. Si l'action est bien présente, on peut voir également Gleipnir comme une métaphore de la puberté. Peu à peu, le héros voit son corps se transformer et le fan service est ainsi particulièrement présent dans cet ouvrage. Mais Gleipnir désigne dans la mythologie nordique, le lien qui maintient le loup mythique Fenrisúlfr (Fenrir) attaché. Ici c'est la jeune Claire qui empêche Shûichi de perdre son humanité, alors qu'il semble difficile de lutter contre ses pulsions (notamment sexuelles). Depuis quelques temps, Shûichi et Claire sont à la recherche des fameuses médailles qui peuvent réaliser les souhaits de ceux qui veulent "changer" et qui ont donné la compétence à Shûichi de se transformer en peluche géante.

« Ce que vous faites de ce monde, c'est votre liberté. » Les étranges « monstres » qui ont acquis une grande variété de capacités grâce au pouvoir des pièces de monnaie se sont rencontrés, se sont mélangés et se sont battus, changeant la forme du monde. Même si un puissant ennemi se dresse sur leur chemin, Shûichi et Claire avancent vers l'avenir qu'ils désirent. À quoi ressemblera le monde à la fin de la bataille ? L'histoire des monstres créés par le désir de transformation est arrivée à une grande conclusion ! Dans ce tome quatorze, le boss final est Nishiuchi. Il dit que le monde qui ne l'accepte pas doit être détruit, mais il accepte tous les monstres et transforme le monde. C’était un thème approprié pour l’épisode final, où la méchanceté ne peut être effacée, mais la manière dont nous l’acceptons est importante. C'est dommage qu'il ait été vaincu si facilement. Shûichi, qui a absorbé la volonté du dernier extraterrestre, disparaît, revient, vit avec un visage différent et de nombreux autres mystères demeurent, mais nous sommes heureux qu'il ait retrouvé Claire. C'est une coïncidence s'il s'agit d'une série de longue durée, mais l'histoire est similaire à celle de Kamen Rider Geats. Celui-ci est également à l'origine un jeu de compétition pour des pièces, et la clé est de faire des vœux et de changer le monde. Gleipnir n'aurait pas pu mieux se terminer, le volume suit le cours de l'histoire sans en faire trop, en maintenant parfaitement le fil logique de l'intrigue. Depuis le début, Sun Takeda  nous propose une histoire qui peut être inconfortable à lire pour certains étant donné ses épisodes violents et ses connotations sexuelles claires, mais ce sont les instruments que l'auteur utilise pour nous attirer vers une histoire qui s'avère beaucoup plus mature qu'il n'y paraît, dans lequel ses protagonistes se retrouvent à franchir constamment la frontière entre le bien et le mal et dans lequel le traumatisme psychologique est vraiment important. Pour accompagner cette histoire, nous trouvons un dessin au trait fin mais bien défini, à travers lequel il nous offre des vignettes pleines d'expressivité et de dynamisme, capables de la pose la plus érotique ou de la peinture la plus terrifiante.