Dans "Pastorius Grant", il s’agit d’un vieux chasseur de primes. À bout de souffle, toussant et crachant toute la haine que son corps porte. L’appât du gain reste sa priorité, alors il traque à nouveau, cherchant les 500 dollars qu’il emportera avec lui dans sa tombe. Comme si la mort ne le concernait pas, tant la vie n’a pas de valeur à ses yeux. Les choses se compliquent entre la compétition des autres haineux et l’apparition d’une petite fille orpheline et perdue. On pourrait croire que cela l’aiderait à se remettre en question et qu’il tenterait de finir sur une note altruiste, mais non. Il semble complètement dépassé par les événements, incapable de réagir pour prendre les décisions qui retarderaient sa fin ou la rendraient moins abjecte.

Malade. Seul. En fin de vie. Est-ce que vous vous contentez de continuer votre routine, vous levant chaque matin pour chercher dans les habitudes le réconfort de l’oubli ? Répéter ce que vous savez. Prolonger ce qui vous a rendu si seul aux yeux des autres, sans jamais montrer des signes de faiblesse qui feraient s’écrouler l’édifice et le mythe des bonnes décisions. Vous allez y rester et emporter avec vous l’ignominie des regrets. Quoi de mieux qu’un western pour refléter cette situation ?   Graphiquement, on sombre également petit à petit, tant les couleurs vives s’estompent et se transforment au rythme de la chute de notre mercenaire. Marion Mousse nous livre un album lent et beau, sombre et inquiétant. Une vraie réussite. Il y a bien un moment où l’inéluctable destin des choix faits arrive. Un moment où le retour en arrière n’est plus possible. Seuls les regrets restent alors. La solitude intérieure et l’absurde vertigineux de s’être trompé. Non merci. À lire au son du vent, en ouvrant les yeux bien grands.