![]() Plate-forme : Bande Dessinée Date de sortie : 05 Février 2025 Editeur : Développeur : Genre : Bande dessinée Multijoueur : Non Jouable via Internet : Non Test par Nic0078/10 Scénario et dessin : Michele Peroncini « Les Mouvements Célestes » de Michele Peroncini a été une agréable surprise. Le livre a immédiatement retenu notre attention avec sa couverture d'un orange chaud et fort, comme le mur de briques qu'il représente. Lourd et baroque, ou plutôt rococo. Cette grande couche orange encadre un petit carré bleu qui se distingue par le contraste entre les deux couleurs complémentaires. A l'intérieur, une Madone délicate aux accents Renaissance. Au pied de ce mur, marchent, les mains dans les poches, trois personnages, les protagonistes de l'histoire : Fausto, le chef de la bande, élégant, avec une chevelure tombante, une voiture que même Diabolik ne pourrait pas conduire, un playboy incurable mais charmant, toujours prêt à courtiser de belles filles qu'il abandonne aussitôt après les avoir séduites, incapable de consolider des sentiments durables. Gian, silencieux et fumeur. Peut-être le plus beau et le plus calme du groupe. Siro, le plus jeune, cheveux roux, insouciant, irrévérencieux, peu fiable. Ils s'occupent des déménagements. Ils vident les greniers et les caves avec leur vieille camionnette cabossée. Ils s’en sortent tout simplement… quand ils le peuvent. L'histoire se déroule à Gênes, entre demeures seigneuriales, œuvres d'art, marchés d'antiquités, blanchiment d'argent et affaires douteuses. Trois âmes tourmentées, en quête de quelque chose d'indéfinissable. Ils évoluent au hasard dans l'obscurité d'une ville peuplée de bêtes sauvages et de pensées métaphysiques, entre vulgarités terrestres et regards vers le ciel. Errants sans cause, ils questionnent leur identité, cherchant un signe pour combler le vide de leur âme, un sens du divin sur cette terre. La première page du livre nous a immédiatement frappé par les touches de couleurs disposées sur la table : élégantes et équilibrées comme les papiers collés de Matisse. Mais la découpe des visages, le contour naïf des voitures, les traits rapides avec lesquels sont définis les bâtiments, font immédiatement penser à West and Soda de Bruno Bozzetto (un film historique fondamental de l'animation italienne). Les personnages sont extrêmement expressifs : ils agissent comme de vrais acteurs, ils adoptent des postures, des gestes, des attitudes qui ne sont ni évidentes ni stéréotypées, au contraire ils accompagnent le dialogue riche et pas du tout banal, capturant le lecteur et l'entraînant dans l'histoire. Petrucci dessine toujours les yeux en position frontale, comme Picasso. Cela lui permet d’utiliser la forte charge émotionnelle qui peut être communiquée par des regards, des clins d’œil, des hochements de tête, et de les transformer en une myriade d’expressions subtiles et nuancées. L'auteur joue avec tous les outils et possibilités narratives que le langage de la bande dessinée lui permet. Le dessin, la coloration, le graphisme de la page, s'adaptent à l'atmosphère du récit : couleurs plates et fortement contrastées ; atmosphères brumeuses et vaporeuses ; des pages qui deviennent presque monochromes d'où se détache une trace grasse de graphite ; des coups de pinceau picturaux et maladroits pour souligner les moments de colère et de folie. Nous ne voyons jamais le soleil ni la mer. Mais nous pouvons sentir son goût et son odeur. Le dessinateur parvient à transmettre le sentiment de calme, de paix, de mystère et de tranquillité qui règne dans les ruelles de Gênes. VERDICT-Une première œuvre merveilleuse, une histoire à relire plusieurs fois pour savourer sa stratification, admirer ses tableaux et profiter des longs silences qui la remplissent. |