Dans The State of Texas vs. Melissa, Sabrina van Tassel expose sa thèse selon laquelle Melissa Lucio a été faussement accusée du meurtre de sa fille en bas âge. Le film commence par des extraits de l'interrogatoire de police de Melissa Lucio, qui a finalement abouti à des "aveux". Quiconque a suivi cette affaire peut voir les effets psychologiques de l'intimidation et du harcèlement au fur et à mesure de leur déroulement. Le psychiatre de Lucio affirme même que Lucio fait ce que les victimes d'abus dans l'enfance font souvent ; elle a capitulé devant l'histoire d'hommes puissants et en colère, même si cette histoire était l'exact opposé de ce qu'elle savait être vrai. Les inégalités dans l'application de la peine de mort sont dues autant aux difficultés économiques qu'au racisme pur et simple. Les appels de Lucio se sont appuyés sur des arguments d'inefficacité du conseil ; ses avocats n'ont même pas remis en question les tactiques ayant conduit aux aveux ou la validité de ceux-ci. Elle n'avait pas, et ne pouvait pas se permettre, le genre d'avocats qui pouvaient remettre en question les premières impressions du jury. Le caractère familier de certaines de ces causes sous-jacentes est un problème que le film ne parvient jamais à surmonter, même s'il ne manque jamais de compétence lorsqu'il les dépeint. Le mot "normaliser" est devenu partie intégrante du paysage politique et culturel au cours des dernières années. Avons-nous entendu suffisamment d'histoires - pas seulement des spéculations fictives mais aussi des documentaires convaincants - sur des condamnations à mort injustifiées dans le couloir de la mort pour être insensibles à l'indignation ? Les affaires très médiatisées attirent-elles l'attention sur les failles du système, ou les traitons-nous comme des cas aberrants ? Alors que de plus en plus d'histoires comme celle de Lucio sont mises en lumière, perdons-nous de vue à quel point ces affaires brisent des familles et dévorent des vies ?

Les avocats et les défenseurs du couloir de la mort ont appris que les systèmes judiciaires tels que celui du Texas ne répondent pas bien aux appels émotionnels. Mais c'est un cercle vicieux. Le ton que l'on doit adopter dans une cour d'appel est quelque peu différent de celui d'un avocat qui présente un cas au jury du public. Le film est efficace mais il peine à trouver un cadre pour l'histoire qui lui donne une signification au-delà des simples faits de l'affaire individuelle. Vers la fin, il tente de faire une remarque sur le Texas et sur les politiciens qui se présentent aux élections. Il tente d'apporter une touche émotionnelle avec une visite entre Lucio et son fils. Pourtant, chacune de ces scènes est d'une certaine manière... discrète. Ceux qui sont dans le couloir de la mort ou qui purgent de longues peines ne peuvent survivre qu'en évitant les hauts et les bas. Lorsqu'on est au milieu d'un traumatisme de longue durée, chaque morceau d'énergie émotionnelle doit être récolté et dépensé avec précaution. Il y a donc une certaine platitude dans le ton émotionnel du film que l'on ne peut s'empêcher de remarquer.