Réalisé par Lionel Baier.
Nathalie Adler en mission pour l’Union Européenne en Sicile est chargée d’organiser la prochaine visite de Macron et Merkel dans un camp de migrants. Présence à haute valeur symbolique, afin de montrer que tout est sous contrôle. Mais qui a encore envie de croire en cette famille européenne au bord de la crise de nerfs ? Sans doute pas Albert, le fils de Nathalie, militant engagé auprès d’une ONG, qui débarque sans prévenir alors qu'il a coupé les ponts avec elle depuis des années. Leurs retrouvailles vont être plus détonantes que ce voyage diplomatique…
Plus que des dérives, des continents se rencontrent : l'Afrique et l'Italie. La question de la migration a atteint son apogée juste avant le déclenchement de la pandémie, mais nous l'avons oublié. Dans les rues de Catane, les voix de Matteo Salvini résonnent dans les journaux télévisés, et pendant ce temps, un responsable de l'accueil des migrants de l'Union européenne dans le sud de la Sicile se réunit avec des collègues représentants de la France et de l'Allemagne pour gérer la visite de certains politiciens. Elle rencontre également le fils qu'elle avait abandonné des années auparavant, lui qui se trouve en effet à un continent de distance du sien, en conflit ouvert et en contraste. Dans un voyage autour de la Sicile, qui d'un lieu géographiquement spécifié devient un lieu de l'âme, la mère et le fils se retrouvent également au niveau de leurs positions intellectuelles en matière de politique d'accueil européenne. Et le film change au fur et à mesure que les deux se réconcilient, et d'une comédie brillante montrant les contradictions sociales grotesques d'un lieu (et non d'une image, comme le dit Isabelle Carré), il devient une succession de scènes-drames presque décousues et perpétuellement révélatrices, avec des pics dolanesques. Il n'est pas certain que le choix de tracer des dilemmes sociaux à des réponses de pur effet scénique soit la meilleure chose, même par rapport à une éventuelle conscience thématique. Pourtant, c'est une bonne chose qu'il y ait suffisamment de temps (la première moitié du film) pour apprécier et s'attacher aux personnages, et certains pourraient décider de jouer le jeu jusqu'au bout. Il reste cependant dommage que le grotesque surnaturel (une météorite, un tremblement de terre, un vent inhabituel) soit préféré au grotesque social, surtout lorsqu'il est accompagné d'une image de la Sicile non conventionnelle et finalement assez réelle. Un lieu, et non une image, en fait.
VERDICT
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D'une confrontation générationnelle réussie sur la façon de gérer le monde et les migrants, le film se perd dans sa second partie dans des situations ubuesques. L'histoire familiale prend beaucoup trop de place par rapport aux enjeux soulevés. ? ?