On a sûrement tous déjà pensé à cette situation : « il vous reste xx mois à vivre, bon courage ». On y pense sans vraiment se sentir concerné, car au final « c’est toujours les autres », jusqu’au jour où… Et alors ? Ben rien. Souvent en fait. Car quand c’est trop tard on peut essayer de combler par quelques heures de vol mais de toute façon le principal est derrière nous. Dans « la loi des probabilités », Pascal Rabaté et François Ravard nous entrainent brièvement dans la vie qui bascule. Sur ce thème finalement classique, ils ajoutent l’erreur de diagnostic et redonnent vie au condamné sans qu’il ne le sache. On suit alors les décisions de Martin Henry qui croit prendre les bonnes décisions tant de fois repoussées. S’ensuit alors toute une série de situations improbables et loufoques qui pourraient faire ressembler cette fin de vie à un chemin de croix. C’est drôle et doux, tant pour ne pas gâcher le temps qui s’écoule que par notre héros qui garde son calme et ses nerfs en toute occasion. Pour celle qu’il aime et qu’il est censé devoir quitter bientôt. Les dessins monochromes sont apaisants, lisses, neutres… à l’image d’une fin de vie où l’on essaye de faire le moins de vague possible. S’il se dévore rapidement, cette jolie nouvelle ne nous pousse pas dans les retranchements de ce que nous devrions faire dans sa situation mais dans les probabilités que nous offre la vie. Faibles. Toutes. On croit sûrement tout décider mais ce sont bien les évidences improbables qu’il nous faut repérer. Car c’est là que se trouve nos vrais choix, pour faire en sorte de déjouer les pronostics et tirer un enseignement de ce que la vie est : une suite faible d’évènements inattendus dans le marasme du quotidien. Passer à côté c’est comme attendre la mort : pénible et prévisible.