Fin du XXIeme siècle. Suite à un conflit nucléaire, un régime autoritaire masculiniste, "Le Protectorat", dirige le monde et replace les femmes à leur place naturelle : au service des hommes. Un groupuscule armé de féministes s’y oppose, "Les Valkyries" et se regroupe au sein d’une coalition qui seule semble résister à ce nouvel ordre. C'est là que vont s'affronter Sigrid et Kahina, autour de deux visions du monde qui les mèneront à un conflit dont l'enjeu sera l'avenir de ces femmes libres.<./P>

Au delà de cette Europe post-apocalyptique qu’on a déjà vu exploitée par le passé avec plus ou moins de réussite, c’est le traitement global de cette intrigue qui interpelle. On y découvre des personnages hauts en couleur qui ne versent pas dans le cliché, et même si le scénario de départ pourrait le laisser penser, jamais le manichéisme ne prend le pas. Les antagonismes sont forts, les partis pris des héroïnes tranchés, mais les nuances introduites par le scénariste permettent à chacun de trouver à s’identifier ou honnir tel ou tel personnage, sans que l’espoir d’une évolution ne s’éteigne. Graphiquement parlant, on retrouve ce qui avait fait la force de Millenium chez Ortega: un dessin plutôt réaliste marqué par une influence manga, des décors fourmillant de détails et une mise en page ultra dynamique qui sert au mieux ces aventures qui vont à mille à l’heure. La mise en couleurs n’est pas en reste et accompagne avec soin ce récit dont on apprécie tous les non-dits que révèlent le dessin plutôt qu’une profusion de phylactères. On a beau se donner bonne conscience à force de mois de la diversité et autres opérations de communications, la vérité de notre planète est triste : nous recherchons à établir nos différences pour nous démarquer plutôt que d’en exploiter la richesse que ces pluralités apportent.