Scénario et dessin : Jacques Ferrandez
Résumé : Avec la montée du Front Islamique du Salut (FIS) durant les années 90, l'Algérie bascule dans la guerre civile et devient un terrain dangereux, surtout pour un journaliste français. Paul-Yanis va toutefois tenter le diable afin de sortir du placard où sa rédaction l'a enfermé, se refaire une réputation professionnelle... et retrouver Nour, la jeune femme rencontrée lors des manifs étudiantes de 1988 et dont il est sans nouvelle... Fin de partie forcément tragique pour le cycle que Ferrandez consacre à l'Algérie des 30 dernières années.
Magnifique conclusion pétrie d’un fol espoir. Au terme d’un thriller diabolique, Jacques Ferrandez mélange réalité factuelle et fiction en misant sur l’espérance et le réveil populaire éclairé. Le récit, conçu autour d’un suspens politique et de rebondissements dont la vraisemblance étonne et séduit, d'autant qu’elle pourrait heurter certaines bonnes âmes complaisantes. Avec la même intention que pour le premier tome, l’amoureux éperdu, inconditionnel et sincère, de l’Algérie qu’est Jacques Ferrandez, dépeint des personnages prisonniers d’une geste chorégraphiée au gré des intérêts des luttes de clans entrelacés dans une tragédie ancestrale. Il montre comment les meilleures causes peuvent aussi se construire, s’ériger sur des demi-vérités, souvent des mensonges, voire carrément dévier de leur objectif premier en se trompant de colère ou par intérêt particulier. Il suit ainsi quasiment à la lettre, en l’illustrant, la remarquable préface, miracle de sérénité, d’intelligence et de clarté factuelle, de Kamel Daoud. Il dit les choses dans une démarche d'amitié pure, afin de relancer la relation entre les deux rives sur des bases saines. En mettant les haines de côté. Dépollution. Cette conclusion, en tout cas dans la première moitié de l’album, se fait beaucoup plus didactique que tous les précédents volumes de cette somptueuse saga au long cours. Certaines redites auraient également pu être évitées.
VERDICT
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Une formidable série aussi distrayante qu’enrichissante.