Au beau milieu de la nuit, dans sa demeure isolée, le dieu ancien Cthulhu reçoit un appel téléphonique d'une personne qui veut faire comprendre au grand bonhomme à quel point il se trouve nul. Écrit en vers poétiques, le livre relate cet appel, tandis que l'humain à l'autre bout du fil s'en prend à l'être ancien, lui racontant tous ses problèmes avec l'ensemble du mythe.

L'Appel à Cthulhu est la lettre d'amour de Norm Konyu à HP Lovecraft, même si au premier abord elle semble être exactement le contraire, avec un narrateur critiquant ses créations. Lovecraft a écrit une série de romans sur des créatures terrifiantes, les Dieux Anciens, dans des contrées lointaines et secrètes, qui attirent les imprudents et perturbent leur esprit, consolidant ainsi sa réputation de maître de l'horreur. Beaucoup d'entre eux ont été adaptés en romans graphiques (voir les recommandations) et Konyu les a réunis dans un poème en rimes. Cthulhu est le grand papa de tous, et la nature sardonique est apparente dès le début, car le message est délivré par un appel sur le téléphone portable de Cthulhu. Il s'agit d'un projet mince à couverture rigide qui se situe à la frontière de ce que sont les bandes dessinées. Certaines pages sont définitivement des bandes dessinées, mais elles sont combinées avec des pages de texte et d'illustrations qui rappellent davantage les livres pour enfants. L'histoire est racontée par le biais de doubles pages, chacune se déplaçant vers un autre lieu ou une autre créature du canon de Lovecraft, avec un index à l'arrière les identifiant toutes et notant leur origine. L'art est époustouflant et créatif, reflétant les différents environnements et accordant une attention particulière à la couleur. Les descriptions atmosphériques de Lovecraft sont celles de mondes lugubres peuplés d'obsédés en quête de l'inimaginable, mais l'imagination de Konyu dans leur illustration transcende l'obscurité. Chaque page est quelque chose que vous aimeriez avoir sur votre mur. Les rimes sont astucieuses, notamment parce qu'elles parviennent à incorporer les noms maladroits de Lovecraft, mais dans l'ensemble, l'effet global est impressionnant et drôle, mais léger. Konyu reconnaît également les opinions personnelles affligeantes de Lovecraft, qui sont devenues un problème plus important ces derniers temps, mais est capable de séparer le créateur et les créations.