Jin est une étudiante en mode à Londres. En parcourant ses rues, elle rencontre Edward, un sans-abri qui pratique la magie avec un discours captivant. L'amitié entre les deux protagonistes s'est rapidement développée et semble être le catalyseur que James Harvey utilise pour critiquer ouvertement les politiques conservatrices des gouvernements successifs du Royaume-Uni, qui ont conduit la société britannique à tourner le dos au monde ces dernières années, en plus de limiter systématiquement la liberté de ses citoyens à la recherche d'un faux sentiment de sécurité. Le voyage que nous entreprenons avec Jin et Edward est plein de couches et de nuances. Il semble y avoir beaucoup du vrai James Harvey en eux. L’atmosphère de ce Londres respire un futurisme voilé. L’art est une partie fondamentale de son discours, il est proposé et critiqué dans une égale mesure. L’esthétique punk semble inconfortable. Tout cela pourrait être un canular, une fraude, un piège, un discours répété, un as dans la manche d’un magicien piégé. Qu'est-ce que l'art ? Réalité ou fiction ?

Le dessin est magnifique, il y a une certaine touche d'animation européenne et une nette influence du manga, notamment du maître Katsuhiro Otomo. Cette fusion génère  une forte admiration pour l'art de James Harvey. L'ouvrage est en noir et blanc, mais intègre des couleurs primaires dans certains des objets qui apparaissent tout au long de ses pages. Ce n'est pas une coïncidence, mais plutôt une signification beaucoup plus profonde, qui est expliquée tout au long de l'intrigue, la rendant beaucoup plus intéressante et nous amenant à sentir que tout ce que nous voyons a une raison, que rien n'est fortuit et que chaque détail est là pour une raison. Avec ce niveau d'attention atteint par l'auteur presque immédiatement, vous comprenez rapidement que l'œuvre exige quelque chose de vous, qu'elle vous implique dans son message pour que vous y réfléchissiez et que vous le développiez. Il est donc clair que UK in a Bad Way n’est pas pour tout le monde, car ce type de propositions a tendance à aliéner certains lecteurs.