Camille Simon, entomologiste de renommée mondiale, reçoit un jour un papillon capturé par Candido, un chasseur qui travaille pour lui dans la forêt amazonienne. Stupéfait, Camille réalise que ce papillon, nommé Parides, est une espèce éteinte, et sa réapparition soulève des questions scientifiques. À moins que la nature n'ait développé un nouveau système de défense ! Pour en avoir le coeur net, Camille publie un article retentissant sur sa découverte et part en Amazonie avec Géraldine, sa collaboratrice, pour confirmer le retour du papillon. Son article suscite l'inquiétude des multinationales, conscientes que si sa découverte est avérée, une vaste zone de la forêt qu'elles exploitent sera protégée. Une chasse aux chasseurs s'engage alors...

Préparez-vous à une lecture qui marque, car Les Papillons ne Meurent Pas de Vieillesse est une bande dessinée qui ne vous laissera pas indemne. C'est une œuvre coup de poing, poignante et brutale, dans les plaies ouvertes de la déforestation et de l’avidité humaine, tout en laissant filtrer l'émotion et la poésie. Matz, connu pour son écriture nerveuse et ses récits percutants (comme Le Tueur), nous livre ici une histoire d'une intensité rare. Le scénario est sans concession, et aborde des thèmes extrêmement difficiles avec une froideur presque clinique. Le récit est construit de manière à vous happer et à vous maintenir en apnée, chaque révélation ou chaque événement étant un coup de plus porté à votre sensibilité. Ce n'est pas une lecture joyeuse, mais elle est d'une puissance narrative indéniable. Matz excelle à sonder la psychologie de ses protagonistes et de leurs bourreaux, nous confrontant à l'idée que le mal n'est pas toujours là où on l'attend, et que la survie peut prendre des formes inimaginables. La narration est fluide, les dialogues percutants, et l'ensemble forme un thriller psychologique d'une efficacité redoutable. Le dessin de Bezian est l'autre pilier fondamental de cette œuvre. Son style est unique, viscéral, et parfaitement adapté à l'ambiance glauque et suffocante du récit. Son trait est souvent rugueux, parfois dérangeant, mais toujours juste dans l'expression des émotions – ou de leur absence. Bezian ne craint pas de montrer la laideur, la violence, et la cruauté. Son encrage sombre et lourd contribue à l'atmosphère oppressante, et sa capacité à créer des ambiances pesantes est remarquable. Les papillons, seuls éclats de couleur dans cette symphonie graphique, surgissent comme des fantômes d’un monde qui disparaît. Chaque planche est une composition minutieuse qui renforce le malaise et l'immersion dans cette descente aux enfers. C'est un dessin qui ne cherche pas à embellir, mais à révéler la vérité crue des situations.