Sans la brillante mathématicienne Katherine Johnson, personne ne serait jamais allé sur la lune. Mais Katherine Johnson est restée inconnue des Américains pendant des décennies. Il a fallu un livre et un film, Hidden Figures (Les figures de l'ombre), en 2016, pour montrer à l'Amérique la contribution de Johnson et de ses collègues mathématiciens noirs. Elle est décédée en 2020 à l'âge de 101 ans. Et dire que Johnson, né dans la ville de White Sulphur Springs, a grandi à une époque où il n'était pas évident que les Noirs américains, et surtout les femmes noires, aient une éducation élevée. Johnson a grandi en Virginie occidentale, un État où la ségrégation déterminait le niveau d'ascension sociale de la population noire. C'est grâce à son père, un fermier, que la jeune Katherine a pu aller au lycée et même à l'université. Ses prouesses en mathématiques ont attiré l'attention dès sa plus tendre enfance. Peu de gens auraient pu imaginer à l'époque que Mme Johnson, qui était également très occupée par sa vie de famille, jouerait un jour un rôle majeur dans le programme spatial américain.

L'ouvrage de William Augel permet de découvrir non seulement les événements de la jeunesse de Katherine Johnson mais aussi et surtout de les présenter via de nombreux gags. Comme ce fut le cas pour les tomes antérieurs, on retrouve une protagoniste hyperactive sur des strips de quatre cases ou en une ou deux pages. L'originalité est au rendez-vous avec des pages toujours pleine d'entrain, subtil mélange entre la candeur d'un Petit Nicolas et la philosophie d'un Pico Bogue avec son lot de questions embarrassantes (jusqu'à questionner la Lune elle-même !). L'auteur William Augel développe bon gré mal gré l'univers de Katherine Johnson, et permet ainsi de retrouver le lien avec la grande histoire car de nombreuses anecdotes sont bels et bien réelles. Le dessin diverge également des classiques du genre, mais présente un trait précis et une jolie mise en couleurs. Le responsable de l'organisation spatiale Nasa, Jim Bridenstine, a qualifié Johnson de "héros américain dont le travail de pionnier ne sera jamais oublié". Le président Obama, qui a remis à la mathématicienne la plus haute distinction américaine en 2015, l'a longuement louée. Elle a refusé d'être limitée par les attentes de la société à son égard en raison de son sexe et de sa race", a déclaré M. Obama. L'homme qui dirigeait la Nasa à l'époque, Charles Bolden, a même qualifié Johnson de "l'un des plus grands esprits que notre organisation ou notre pays ait jamais connu".