Scénario et dessin : Naoki Urasawa
S'il n'y avait pas l'obsession de son grand-père, la vie de Yawara coulerait sur les traces normales de l'adolescence. La protagoniste du manga de Naoki Urasawa, en fait, n'est apparemment rien de plus qu'une étudiante normale qui aime faire du shopping avec ses amis et rêver au grand amour. Cependant, Yawara doit conquérir cette normalité bec et ongles, tourmentée comme elle l'est par un grand-père qui l'a élevée au pain et au judo et rêve d'un avenir radieux pour elle et même d'une participation aux Jeux Olympiques ! Jigoro Inokuma, septième dan de judo et vainqueur du titre national pendant cinq années consécutives est un vieil homme vif et pétulant qui interfère dans la vie de sa petite fille de toutes les manières imaginables pour réaliser le rêve de la transformer en championne de judo, allant même jusqu'à manipuler un match et lui trouver une rivale ! Yawara, cependant, semble hausser les épaules et échapper à l'ingérence de son grand-père, tente de vivre son adolescence sans que le judo puisse s'immiscer. Mais tout espoir de normalité est ponctuellement anéanti, en partie à cause de la main de Jigoro et en partie à cause du destin, qui la met toujours à l'épreuve et l'oblige à montrer sur ses grandes compétences de judoka, jetant tous ses rivaux à terre. Le résultat est une intrigue pleine de malentendus, de personnages et de moments hilarants : Yawara tombe amoureuse d'un idole puis du manager de sa rivale Sayaka, mais ce sera la rencontre avec une journaliste sans le sou pour changer son destin et révéler à tous qu'elle est une petite championne.
Le judo ne peut pas être un métier ou une occupation. Yawara voudrait rentrer dans la vie active et faire quelque chose de sérieux. Pourra-t-elle échapper à son destin ? On retrouve Yawara en pleine compétition dans ce tome dix. Toute son équipe compte sur elle pour gagner. Bien entendu, elle va y arriver sans faire de trop gros efforts. Pour ces copines, c’est une aventure incroyable qu’elles vivent. En plus, elles seront dans les journaux le lendemain. Notre héroïne se rêve potiche à l’accueil d’une entreprise ou hôtesse de l’air. En tant que femme, elle ne peut pas rêver trop loin et trop haut. Et puis, le grand-père revient comme running gag. Lui sait ce qui est mieux pour sa progéniture, il utilise tous les subterfuges pour la diriger vers l’université Sakaï et non un boulot sans intérêt avec des hommes aux intentions peu honorables. Qui va prendre la décision finale? Surtout que l’avenir de Fujiko est en jeu également. On se doute bien qu’elle va reprendre le judo. Mais qu’est-ce qui sera le déclencheur ? On sent la pâte d’une autre époque dans le manga. Cette fois, on échappe aux blagues avec les culottes, les plans sur les poitrines et d’autres choses un peu vulgaire. Il y a toujours quelques situations cocasses avec des plans sur des fesses par exemple. Que ces messieurs se rassure, le mangaka ne les oublie pas. Le scénariste s’est un peu plus attardée sur l’aspect psychologique de ces personnages. Il a aussi consacré plus de place à la grande asperge. Elle aussi à des compétences et des rêves. De plus, elle a une fine équipe truculente à ces côtés avec ces parents et son petit ami. On peut regretter un point de vue assez masculin. Yawara semble incapable de faire des choses toute seule. C’est son grand-père qui l’entraîne et fait des choix pour elle depuis petite. Puis elle a l’entraineur amoureux d’elle qui aussi l’incite à faire telle ou telle chose. Et enfin, le journaliste qui n’hésite pas à lui expliquer le contexte des choses car elle est très naïve. C’est vrai qu’elle est très cruche, ce qui lui permet d’être très gentille. D’ailleurs, cela contribue à la rendre attachante. On a hâte de la retrouver pour la suite.
VERDICT
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Un manga qui se dévore d’une traite en étant plongé dans le feu de l’action du judo.