Au-dessus d’une planète bleue en ruine, subsiste ce qui reste de l’humanité dans une biosphère artificielle. Un ersatz de normalité dorée, vendu aux plus riches comme un paradis à l’identique de ce que, ils en sont persuadés, la terre avait jadis à leur offrir de meilleurs. Sous cette bulle qui brille en orbite se cache la multitude besogneuse qui trime pour que quelques privilégiés bedonnants puisse vivre dans l’aisance et l’insouciance. Ceux du dessous qui disposent d’un travail sont encore les plus chanceux, il peuvent s’offrir ce qui ressemble à un semblant de vie dans le "ventre de la bête". À cet égard, l’évacuation des déchets n’est pas la tâche la plus cérébrale qui soit mais elle nourrit son homme ...

Déverser les ordures sur la Terre devenue une vaste poubelle sans trop se poser de questions ? Voilà le boulot quotidien alloué au protagoniste principale de notre récit, Geo. Malheureusement pour lui le destin l’enverra directement croupir dans le dépotoir géant qu’il a lui même largement contribué à entretenir. Une fois rendu à l’évidence de son triste sort, il arpente au fil des saisons les vestiges hostiles et pollués de notre civilisation, à la poursuite d’une chimère qui lui renvoie des lueurs d’espoir. Et parfois, la réalité semble rejoindre les promesses de cette apparente hallucination. Quand Geo tombe sur le livre "La Tempête" (William Shakespeare), difficile pour lui de ne pas y voir un signe. Les couleurs du récit sont fluorescentes et, à l’image de ses personnages anguleux – qui se ressemblent beaucoup, mais ne sont pas tout à fait identiques – frappent fort. Là où le lecteur peut encore s’échapper, Hachmang le maintient captif dans un univers oppressant. Le roman graphique est une bonne introduction rafraîchissante à la dystopie, qui devrait certainement figurer (et rester) sur la liste de lecture littéraire.