Gaby ou la belle et l'argent est à l'origine une pièce de théâtre inédite de Marcel Pagnol, récemment retrouvée par son petit fils Nicolas Pagnol alors qu'il prépare un musée en hommage à son aïeul. Nous sommes dans un récit qui se déroule dans les années 50. La belle Gaby vit aux crochets d'hommes riches, elle n'a jamais travaillé de sa vie et compte seulement sur ses charmes pour avancer socialement. Il faut dire que son père n'a rien d'un être aimant, agissant plutôt comme un maquereau désireux de profiter des largesses offertes par sa fille. Gaby vit toujours chez son père en compagnie de son cousin, avec qui elle entretient une liaison. Lorsque son amant décède, Gaby est ruiné et sa famille cherche à lui trouver au plus vite une nouvelle source de revenus, c'est à dire un homme riche qu'ils pourront dépouiller de sa fortune. Avec l'aide d'un notaire corrompu, le diabolique trio jette son dévolu sur Ferdinand, un jeune homme pauvre qui ignore qu'il va toucher prochainement un fort héritage. Le problème, c'est qu'il ne pense qu'à la science et qu'il sait qu'il ne pourra jamais conquérir une aussi jolie femme. Gaby elle a déjà en tête ce qu'elle pourrait faire des millions de francs qui l'attende ...

Entre Paris et la Côte d'Azur, cette pièce de Marcel Pagnol a forcément vieilli sur la fond. Une jeune femme vénale entretenue par ses amants, ce n'est pas très progressiste en 2024. Aura-t-on un jour le droit de lire la pièce sous forme littéraire ? En attendant, cet album nous présente une comédie dans laquelle Marcel Pagnol moque avec humour la cupidité des bourgeois. On se prend à réfléchir comment le public aurait réagit face à ce récit il y a soixante-dix ans. Les dessins de Luc Brahy sont très réussis et restituent bien l'atmosphère des années 1950 avec un charme suranné et des couleurs chaudes très agréables. En revanche, la psychologie des personnages n'est pas fondamentalement creusé, peut être que c'est pour cela que Marcel Pagnol n'avait pas monté cette pièce au final.