Ils sont à peine une poignée, six exactement, trois hommes et autant de femmes, ils se croisent, s’observent, parfois établissent du lien, nourrissent une amitié naissante, donnent ou rendent un service, comme ça en passant. Ils vivent les uns près des autres sans vraiment se connaître. C’est la vie comme elle vient, avec ses joies et ses sales coups. Si on osait, nous dirions que ce sont des fragments de vie de l’ultra moderne solitude. Simon est professeur et ne parvient plus à corriger ses copies, elles lui sortent par les yeux, c’est un peu l’arbre qui cache la forêt, Simon est au bout du rouleau. Diane se remet d’un cancer du sein, une reconstruction physique mais aussi morale. Nicole donne son temps dans l’humanitaire, une façon d’oublier que sa fille ne veut plus lui parler. Pierre c’est la maladie qui gouverne sa vie, au point qu’il n’a plus envie de vivre. Jill et Hugo sont les ados de ce roman graphique choral, et c’est la sexualité qui prend beaucoup de place dans leur vie et surtout dans leur tête.

Les uns et les autres vont finir par vivre ensemble, s’entraider, se dévoiler et briser les murailles invisibles qui limitent nos périmètres ... Mais à Dave Rivage, petite bourgade les pieds dans l’eau, les hommes ne sont pas seuls autour du plan d’eau. Absorbés par leurs tracas, ils n’ont pas remarqué qu’un microcosme animalier les observe, les hommes font l’objet d’un véritable terrain d’étude pour la faune. Par leur pragmatisme, leur simplicité et leur logique, les animaux apportent une vision éclairée de ce que nous sommes. A Dave Rivage finalement on vit en symbiose. Fable animalière, singulière et roman choral, cette chronique d'une vallée de Meuse est très humaine.