Le manga One Piece (94 tomes à ce jour aux éditions Shueisha au Japon) raconte l'histoire de Monkey D. Luffy, un jeune garçon aux membres élastiques (!) qui souhaite devenir le roi des Pirates et qui va devoir suivre une longue quête avant d'espérer atteindre ce titre. Après la bataille "au sommet", chacun des équipiers de Luffy a subi un entrainement spécifique et est dorénavant plus fort. Wano : Les fans d'One Piece attendent l'arrivée de l'équipe du chapeau de paille dans ce pays de samouraïs depuis plus d'une décennie, et dans le tome quatre-vingt onze, c'est enfin le cas. Cela signifie aussi que toute l'équipe sera réunie pour la première fois depuis l'enlèvement de Sanji dans l'arc Zo. Mis à part l'éventuelle confrontation de Luffy avec Shanks et l'Équipage du Roux, le pays des Wa pourrait bien être le témoin de l'arc le plus attendue de la longue histoire de One Piece.

Parce que One Piece existe depuis si longtemps, il n'y a pas beaucoup d'intrigues qu'il n'a pas au moins abordé en cours de route. C'est probablement pour cela qu'Oda s'amuse autant avec l'angle de voyage dans le temps présenté ici, avec les héros perdus depuis longtemps qui réapparaissent vingt ans plus tard, apparemment les mêmes qu'avant. Le moment où ils arrivent tous n'est pas encore arrivé, mais nous rencontrons la petite soeur de Momonosuke, qui est maintenant bien sûr une jeune femme, et qui nous rappelle de façon frappante à quel point Oda aime mettre en contraste les hommes laids et les femmes magnifiques lorsqu'il dessine. (Ou dans ce cas-ci, des garçons laids). Comme pour les précédents volumes de Wano, l'action se déroule d'un endroit à l'autre presque trop vite pour être suivie, en essayant de faire en sorte que tout le monde ait quelque chose à faire. Cela signifie que nous voyons Nami et Robin dans les bains ; Sanji étant, eh bien, Sanji ; Luffy, toujours en prison, qui doit se battre avec la plupart des gardiens un par un pour se divertir, et qui rencontre un vieil homme apparemment faible qui a bien sûr un passé très dur ; et Shopper qui essaie de gérer le fait qu'il est maintenant allié avec Big Mom, qui a perdu ses souvenirs et qui est donc de nouveau brillante, joyeuse et amicale. Chopper, bien sûr, sait que cela ne durera que jusqu'à ce que ses souvenirs reviennent, donc il passe beaucoup de temps terrifié.

Nous arrivons ensuite à la fin du livre, où Oda nous rappelle combien il peut faire en sorte que le chaos se transforme rapidement en tragédie, avec l'exécution publique de Yasu, qui se révèle avoir une identité secrète (ce qui n'est pas une surprise). Il a passé une grande partie de son temps à tourner autour du manga, déguisé en bouffon japonais stéréotypé, avec un grand sourire sur le visage. Le sourire reste présent alors même qu'il est sur le point d'être exécuté (par un peloton d'exécution, une mort particulièrement déshonorante à l'époque où Oda s'exprime ici), et il y a une explication au fait que tout le monde sourit et rit face à la tragédie... mais après sa mort, cela devient bien trop effrayant pour que ce soit vraiment le cas, surtout quand sa fille voit sa mort et ne peut pas s'empêcher de ricaner (comme dans tout le livre) même si elle crie que son père est mort. Le cliffhanger, malheureusement, laisse entendre qu'il pourrait bien être l'équivalent de la drogue au travail une fois de plus. Alors oui, tout est un peu terrible en ce moment. Ce serait bien si nous pouvions commencer une révolution rapidement. Il n'en reste pas moins que c'est un volume chaotique mais solide de One Piece.