Beaucoup d'amateurs de bandes dessinées sont aussi des amateurs d'histoire. Messara est une trilogie qui se déroule douze siècles avant J.-C. à Stronggylé. Son île mère, la Crète, est trop loin pour assurer sa sécurité. La jeune esclave égyptienne Kantana arrive à Stronggylé à une époque où les armées d'Achéens (les premiers Hellènes) sont une menace et peu avant l'arrivée des mercenaires de peuples (lointains) sur l'île. Elle peut immédiatement compter sur l'attention ou le désir d'Hermian, le fils de son nouveau propriétaire. Le père d'Hermian la viole alors qu'il est lui-même désespérément amoureux d'elle. Il finit par gagner son cœur, mais les circonstances le rendent fou. Neuf mois plus tard, Messara est née. Mais quelques instants plus tard, Kantana est tuée par les envahisseurs qui déferlent sur Stronggylé. Mais qui est le père de son bébé ?

Cette trilogie date du milieu des années 1990 et est l'œuvre de Jacques Terpant. A la même époque, le scénariste Philippe Bonifay entame une autre trilogie, Zoo. Il y a une dizaine d'années, il est devenu si désabusé par la politique éditoriale qu'il a cessé d'écrire des bandes dessinées. C'est une perte cependant, parce que quelques personnages qu'il a inventés sont demeurés très marquants. L'ancienne et la nouvelle œuvre de Jacques Terpant sont admirables et assez uniformes dans leurs qualités. Ses pages peintes sont un régal pour les yeux. Dans ce genre de réalisme, il a aussi le souci de donner des expressions correctes et crédibles à ses personnages. Avec d'autres artistes, ils tendent rapidement vers le grotesque, avec une représentation exagérée et vaguement fausse de la réalité. Il suffit de jeter un coup d'œil à la couverture, dans laquelle tout et rien ne peut être lu à partir de l'expression faciale de Messara.