Aposimz est une série toujours en cours de parution au Japon et qui a connu huit tomes à ce jour aux éditions Kodansha. Dans un futur très lointain, le corps céleste artificiel Aposimz, d'un diamètre de 200.000 kilomètres, a tout d'une terre glaciaire et post-apocalyptique. Pourtant, son espace central est recouvert d'une super-structure où l'homme a longtemps vécu. Il y a cinquante siècles, un violent conflit a éclaté entre deux factions et les personnes qui ont perdu la guerre ont également perdu le droit de résider légitimement à Aposimz. Les survivants se sont réfugiés sur la surface extrêmement froide de l'astre, faisant face à la propagation d'une étonnante maladie transformant les êtres en créatures biomécaniques et aux automates agressifs qui apparaissent fréquemment au niveau des ruines. Pourtant, malgré tout, les habitants ont réussi à s'adapter à la rigueur climat et les générations ont fini par se succéder. Depuis le tome deux, Essro est devenu une marionnette régulière suite à sa contamination par le terrible virus. S'il a perdu une part de son humanité, il a gagné un pouvoir surhumain. Guidé par la mystérieuse Titania, une automate en guerre contre l'Empire, Essro sillonne un monde glacial avec comme seul mantra la vengeance.

Avec ce tome cinq, "Aposimz la planète des marionnettes" entre dans un nouveau cycle. L'histoire plonge à nouveau dans le monde artificiel, dans lequel la vie réelle est rare et la plupart des créatures font plus ou moins partie des mégastructures parce qu'elles sont faites de leur tissu. Mais ils n'ont pas rompu avec les aspirations et les modes de pensée typiques, comme en témoigne la soif de pouvoir d'un roi. Après la grande confrontation avec la renaissance de l'empire Revidor et le crash du régulateur météorologique Umé, qui a détruit une grande partie de l'hémisphère nord, le monde retient son souffle, car les cartes sont en train d'être remélangées. Alors que pour certains, il s'agit simplement de survivre d'une manière ou d'une autre, les partisans du roi Kajiwan s'efforcent de retourner la situation en leur faveur. En attendant, Titania et surtout Keesha ne s'intéressent qu'à une seule chose. Ils veulent restaurer Esrso, qui a été gravement blessé et presque détruit lors de la confrontation avec l'Empire. Mais pour ce faire, ils doivent constamment se mettre en danger afin d'obtenir les pièces nécessaires à sa régénération. Il est étonnant que Tsutomu Nihei puisse encore apporter une certaine originalité à ses histoires, même s'il utilise plus ou moins les mêmes décors. Les mondes et organismes artificiels, les méga-structures lugubres avec toutes leurs figures et monstres bizarres sont si typiques pour lui qu'on s'attend presque toujours à quelque chose dans cette direction et rien d'autre. Mais au moins, les histoires ont certaines variations. Cette fois, ce n'est pas la mégastructure qui est l'ennemi mais plutôt l'ami, qui tente d'arrêter ceux qui pervertissent déjà tout avec l'aide des héros. Comme toujours, l'artiste ne s'attarde pas exactement sur des dialogues élaborés, mais s'appuie plutôt sur la puissance des images. Il essaie d'exprimer dans ses dessins ce qu'il veut transmettre à ses lecteurs. Cela réussit généralement très bien - mais il aime parfois rester cryptique afin de maintenir la tension. Cette fois-ci, le véritable héros est désactivé, de sorte que Keesha se place un peu plus au centre de l'attention pour faire ses preuves, en même temps que les adversaires ne se reposent pas sur leurs lauriers et mettent tout sur une seule carte - ainsi les événements continuent à se développer de façon spectaculaire.