Il y a un siècle, suite au choc de météorites sur notre planète, la fonte du permafrost a rendu l'air vicié, lui conférant un statut des plus précieux et suscitant les convoitises. La lutte pour la survie des plus faibles n'a d'égale que que celle des plus puissants pour s'approprier cette ressource et sa distribution... comme un air de déjà-vu....

Avec une ambiance digne de Total Recall, et malgré un scénario somme toute classique - format court oblige (il s'agira d'un diptyque), nous avons totalement adhéré à cette œuvre. Nous y retrouvons en outre avec plaisir le trait efficace et la mise en page dynamique de Porcel (pour ceux qui ne connaissent pas, plongez vous dans Reality Show, à minima son premier triptyque), qui démontre tout son savoir faire dans un univers radicalement différent de certaines de ses productions médiévales. L'action est menée tambour battant, les personnages suffisamment caricaturaux pour que l'auteur n'ait pas à s'appesantir sur leur situation, se concentrant sur une intrigue maitrisée qu'on vit, nous aussi, le souffle coupé. Le rebond final, certes prévisible, augure d'une suite (et fin) tout aussi haletante face au nombre de points qu'il faudra éclaircir. S'agit-il d'une uchronie ou d'une anticipation ? En jouant avec une thématique environnementale, brandie par les scientifiques comme une bombe à retardement que les politiques pensent bon d'ignorer, Pelaez dresse un tableau plutôt inquiétant d'une société toujours plus inégale, pour laquelle l'enjeu de la survie de la masse justifie l'appropriation par les élites de ce que l'on pourrait penser être du bien commun. Cela avait marché avec l'or noir, les minerais, ou même l'eau maintenant, alors pourquoi pas... Qui ne tente rien n'a rien, et l'histoire prouve, malheureusement, que les plus audacieux sont rarement les mieux intentionnés.