Secoués par un mégafeu qui menace leur ville, Léo et Juliette, deux jeunes citadins qui ne se connaissent pas, prennent la fuite et se retrouvent isolés en pleine nature. Face à la menace constante de l'incendie, ils sont confrontés à leurs doutes existentiels et à la nécessité de survivre. Cette expérience les pousse à une introspection et, malgré leurs différences, ils vont trouver ensemble un nouveau souffle.

"Refuge" aborde un thème brûlant d'actualité : les catastrophes naturelles liées au changement climatique, ici représentées par un incendie dévastateur. La bande dessinée résonne particulièrement avec les récents événements et la prise de conscience croissante des enjeux environnementaux. Elle interroge notre rapport à la nature, à la peur et à la résilience face à l'adversité. Le récit alterne les points de vue de Léo et Juliette, permettant au lecteur de s'identifier à leurs parcours individuels et à leurs questionnements. Le rythme est parfois contemplatif, laissant place à l'introspection des personnages face à l'immensité de la nature et de la catastrophe. Cependant, certains critiques ont noté que la trame des événements peut parfois sembler un peu confuse et que le propos met du temps à se dessiner clairement. Léo et Juliette sont deux personnages au départ assez archétypaux : Léo, en burn-out professionnel et sentimental, cherche un exil loin de la civilisation, tandis que Juliette fuit une situation personnelle difficile. Leur rencontre et leur évolution au contact de la nature et du danger sont au cœur du récit. On suit leurs difficultés de survie, leur reconnexion progressive à eux-mêmes et le lien qui se tisse entre eux. À travers l'épreuve du feu, les personnages sont amenés à se consumer pour mieux renaître, à se recentrer sur l'essentiel et à trouver un "refuge" intérieur. La bande dessinée explore des thèmes tels que la peur, la solitude, la remise en question de nos modes de vie et la possibilité d'une nouvelle connexion à soi et au monde. Cependant, la portée philosophique n'est pas toujours pleinement exploitée dans le traitement du récit. Le style graphique de Cécile Guillard est un point fort de l'album. Son utilisation de l'aquarelle, dans des tons majoritairement gris et rouges, crée une atmosphère à la fois réaliste et stylisée, évoquant la menace du feu et l'âpreté de la nature. L'autrice se permet également des envolées lyrico-graphiques, notamment dans la représentation des flammes et des mouvements, apportant une dimension poétique et expressive à l'ensemble. Le dynamisme des corps en mouvement, qu'ils courent ou interagissent, est bien rendu.