Le monde est fini. La France est désormais recouverte d'immenses forêts, et les humains, les rares qui restent, vivent dans des forteresses-usines, des cités blindées dont les habitants vivent en sécurité tant qu'ils obéissent aux néo-rois qui contrôlent la technologie. Chasses, joutes chevaleresques, servage – mais aussi nanotechnologies, drones intelligents et génie génétique incroyablement avancé qui permet aux néo-rois de vivre éternellement, ou du moins tant qu'ils parviennent à produire des pièces détachées humaines assez rapidement… Le comte Cocto dirige sa citadelle d'une main de fer, mais il doit lui aussi respecter les coutumes de l'aristocratie, défendant le titre remporté lors du tournoi précédent. L'héritière du trône, Blanche, est bien trop indifférente aux apparences et en profite pour disparaître (littéralement…) de sa tour d'ivoire. Ce qui aurait été une simple randonnée, l'occasion d'une cure de désintoxication électronique loin des écrans, se transforme en une course contre la montre lorsqu'un accident inattendu force le comte à se tourner vers un ennemi du passé pour retrouver sa fille. Mais le véritable danger, comme dans toute fable néo-médiévale, ne réside pas dans les ennemis que l'on connaît, mais dans les amis que l'on ne connaît pas vraiment…

« NeoForest » conclut un diptyque post-apocalyptique où Fred Duval revient à ses thèmes de prédilection, le transhumanisme et la relation entre l'homme et la nature. Il s'associe à un autre vétéran de la bande dessinée, Philippe Scoffoni, qui se déchaîne et construit un univers fascinant, vivant, riche en détails, original malgré des éléments qui, pris individuellement, semblent familiers. La densité scénique et visuelle du volume est surprenante, mais ne fatigue pas le lecteur. Dans ce tome deux, on retrouve Blanche, la fille du souverain local, perdue avec deux amis dans une forêt sauvage tandis que son père, placé en hibernation est en train de se faire voler son royaume. Avant de sombrer celui-ci a confié à Greem, un garde forestier rebelle, la lourde tâche de retrouver sa fille et de la ramener au château. Le temps presse car les acheteurs se pressent d’un côté pendant que de l’autre des bandits veulent assassiner la jeune femme. La génétique a perturbé la Nature et la Nature n'oublie pas...la Forêt Centrale, Neoforest, sera la clé de cette aventure post-apocalyptique. Fred Duval poursuit cette aventure mouvementée en mêlant technologie, chevalerie et randonnée sauvage. Si le fil conducteur est assez classique, l’environnement exotique de cette série fournit un rafraichissement intéressant. Les illustrations nous séduisent dès la couverture avec un trait soigné et des couleurs douces. L’ensemble forme un diptyque tout à fait convainquant.