Mon bourreau de père est enfin mort (Gyakutai Chichi ga Youyaku Shinda) est un manga unitaire publié au Japon aux éditions Takeshobo. La mort de mon père est mon "espoir". Un essai graphique d'une auteure qui a été maltraitée en grandissant : "Violence, abus sexuel, violence domestique et déni de la personnalité. Voilà ce que mon père m'a fait. C'était mon quotidien. Enfant, je n'avais pas l'argent pour quitter la maison ni la force physique pour lui tenir tête. Je suis née d'un parent violent et je ne pouvais rien faire d'autre que de le supporter - je n'avais pas le choix."

Piroyo Arai raconte son enfance traumatisante, celle d’une enfant ayant vécu sous le même toit qu’un homme violent. Le regard de Piroyo Arai sur sa situation est limpide. Si limpide qu’on se rend compte de ce qu’elle a vécu au fil des pages, à mesure qu’elle-même s’en est rendu compte. Ainsi, on ne découvre pas qu’une enfant traumatisée, mais aussi une adulte qui a dû “vivre avec” ; qui a dû, envers et contre tout, trouver un moyen de rester saine d’esprit pour sa propre survie. D’incompréhensions - envers les autres et elle-même - en réponses, on retrace une vie brisée, dont les morceaux peinent à se recoller. L’auteur aborde aussi des questions délicates et pourtant indispensables : celle d’une reconstruction dans l’ignorance, celle de la parentalité alors qu’elle n’a pas connu l’amour parental, celles de ses relations sociales ingérables… Bref, Piroyo ne se contente pas de nous ouvrir les portes de son intimité sur un avant et un après, mais aussi sur un pendant, qui dure des années et qui a continué à la blesser, même une fois partie de chez elle.