Le bateau des fous.

Ship of Fools est un titre qui combine plusieurs genres et les mélange habilement : on retrouve des éléments de jeu de tir et de beat'em up à défilement horizontal dans un contexte d'aventure indé, avec vraiment un soupçon de gestion et beaucoup de Rogue-Lite. Nous nous retrouvons échoués sur une petite île à la suite d'une tempête tourbillonnante, et avant même de réaliser qui nous sommes et comment nous nous appelons, une pieuvre arthropode vous réprimande pour avoir perdu votre temps au lieu de servir la "marine" à bord d'un navire. Toute personne dotée de bon sens aurait dit à cette pieuvre irritante d'aller se faire voir, mais  avec quelques sarcasmes, rame en main, nous nous sommes mis à faire notre devoir. Catapulté à bord du navire, un simple tutoriel vous attend et vous explique ce qu'il faut faire et comment le faire, et après un bref moment initial, vous vous retrouvez à servir sur un navire emprunté dans le but de libérer l'archipel de la "tempête" qui l'assiège : l'objectif est de restaurer le phare qui chassera les monstres qui peuplent les eaux menaçant l'Aquapocalypse, et si entre-temps on parvient à récupérer les disparus et les fous qui ont essayé avant vous, ce sera encore mieux. À bord du Stormstrider - c'est le nom du bateau - nous pourrions nous faire passer pour l'un des dix fous (les Fools du Ship of Fools), chacun ayant des caractéristiques différentes. À force d'essais et d'erreurs, vous allez devoir gravir les échelons, en gagnant quelques pièces supplémentaires à chaque passage pour améliorer le bateau.

Ship of Fools est en fait un Roguelite indie, ce qui signifie qu'à chaque mort, vous vous retrouverez en rade et vous ne pourrez emporter que les objets que vous aurez gagnés à la sueur de votre front en terminant les niveaux, tandis que les armes et les power-ups seront irrémédiablement perdus. De retour au village, vous trouverez non seulement les Fous, mais aussi les différents personnages que vous croiserez et libérerez au cours de votre voyage. Ils occuperont les différents lieux de l'île et deviendront des marchands et des personnages apparentés auxquels vous pourrez acheter des bonus permanents. Au cœur de Ship of Fools, on trouve un gameplay qui, bien que simple, vous colle vraiment à l'écran. À bâbord et à tribord, il y a des espaces pour les canons, à la proue, la barre, et au centre, trois emplacements pour les bonus et les munitions. Vos canons sont conçus pour tirer tout type d'objet, et si vous jouez en solo un canon sera à votre disposition tandis que l'autre sera équipé d'un tir automatique, donc pour ce deuxième port de feu votre tâche est seulement de recharger. Si les ennemis sont tous du même côté, vous avez également la possibilité de démonter et de remonter les canons selon les besoins. En plus de tout ce que vous pouvez utiliser comme projectiles, vous êtes également équipé de harpons qui, s'ils sont bien tirés, peuvent être utiles pour repêcher tout ce qui flotte. Pour compléter votre tenue de corsaire, vous disposez d'une rame omniprésente avec laquelle vous pouvez repousser les ennemis qui veulent vous aborder ou avec laquelle vous pouvez dévier les projectiles ennemis par-dessus bord.

Un concept simple et quelques défauts.

Une fois que tous les ennemis ont été éliminés, la barre s'allume, signalant que vous pouvez passer à la prochaine étendue de mer. Lorsque vous touchez la barre, une carte s'ouvre sur laquelle vous pouvez décider de votre trajectoire. La carte est divisée en une sorte d'échiquier hexagonal et chaque section indique si vous trouverez des trésors, des objets tels que des planches (utiles pour restaurer le navire et donc récupérer des HP), des harpons et bien plus encore. Au fur et à mesure que vous progressez sur la carte, certaines sections deviennent noires et lorsque vous y arrivez, vous devez faire face à la menace de ce secteur donné. Si vous êtes assez adroit pour le mettre à mal, vous pourrez profiter de quelques power ups - certains permanents, d'autres non - qui vous permettront de poursuivre votre traversée. Les graphismes du designer Antoine Grégoire-Slight sont magistraux et excellemment réalisés, notamment dans le contexte maritime sombre de Ship of Fools. La bande sonore, quant à elle, est plutôt anonyme et, bien qu'elle encadre bien les sessions de jeu, elle s'estompe sans jamais atteindre les oreilles du joueur. Ship of Fools est un jeu bien structuré et divertissant, mais il n'est pas exempt de quelques défauts qui peuvent parfois être très gênants.

Sans se plaindre inutilement de la composante roguelite, qui par sa nature même rend les premières manches plus frustrantes que le reste du jeu, il faut dire que l'action est parfois bien trop frénétique et rend les déplacements sur le bateau pour déplacer les canons ou repousser les attaques un peu trop confus. Ce n'est qu'après quelques heures de jeu que vous apprendrez quelles sont vos priorités et que vous serez capable de mieux jongler avec les combats. Le meilleur de Ship of Fools réside cependant dans le multijoueur, qui est disponible à la fois en ligne et en local. La possibilité d'avoir deux joueurs sur le pont du navire donne de la profondeur au jeu et atténue considérablement le sentiment de frustration causé par les assauts ennemis. De plus, Ship of Fools présente également quelques problèmes non négligeables : le texte à lire est un peu petit et étant donné son caractère divertissant c'est vraiment dommage, de même que de nombreux éléments sont vraiment minuscules et les centrer avec un canon pourrait s'avérer trop difficile. Ce qui n'est pas tolérable, en revanche, c'est qu'un jeu aussi simple subisse des baisses de fréquence d'images et des gels notables dès que l'action devient plus intense. Espérons la sortie opportune d'un patch par l'équipe de développement.