La Curée Plate-forme : Bande Dessinée Date de sortie : 17 Avril 2019 Editeur : Développeur : Genre : Bande dessinée Multijoueur : Non Jouable via Internet : Non Test par Nic0078/10 Scénario : Cédric Simon Lire Zola, c'est être plongé dans un monde de passions et de sensations: un monde de corruption et de cupidité. La France du Second Empire (1852-1870) est, aux yeux de Zola, une société dynamique affaiblie par la décadence, la corruption et la promiscuité sexuelle. À maintes reprises dans les Rougon-Macquart, il revient sur cette question, trouvant des preuves dans tous les domaines - gouvernement, affaires, religion - d'une nation malade. Dans La Curée, il se concentre sur certains des appétits incontrôlables qui ont été libérés dans une société aussi moralement corrompue. La relation triangulaire entre le magnat des affaires, Saccard Rougon, son épouse instable, Renée, et son jeune amant Maxime (le fils de son mari) se conjugue pour donner envie d'or et de chair. Saccard est un self made man, immensément riche d'un empire commercial qui profite des plans visionnaires du Baron Haussman pour moderniser et reconstruire la ville. Il achète des terrains et des propriétés à bas prix, puis revend à nouveau en utilisant des évaluations très gonflées. Dans le portrait de Zola, Saccard est l'incarnation de l'excès insatiable et de l'avidité, un homme qui, quel que soit son argent, ne peut jamais en avoir assez. Un homme qui «ne pouvait rester longtemps à proximité d'une chose ou d'une personne sans vouloir la vendre ou en tirer quelque profit». Son épouse Renée est la clé de la réalisation de son ambition de conquérir et de piller Paris. Elle est la fille d'une vieille famille bourgeoise, enceinte à la suite d'un viol. En échange de l’épouser pour sauver son honneur, Saccard reçoit une grosse somme d’argent ainsi que la dot de Renée sous la forme de biens de grande valeur. Renée est autant une proie prise au piège par Saccard que les personnes dont les maisons et les entreprises sont démolies pour faire place à son empire commercial. C'est sa dot et son héritage qui ont initialement financé l'entreprise. Puis, lorsque ses projets commerciaux commencent à s’effondrer, il élabore un plan pour l’obliger à se séparer des actes de sa maison familiale (d’une valeur de plusieurs millions) afin qu'il puisse continuer à prétendre au succès. Le titre du roman, La Curée, fait référence à des restes de proie qui sont jetés aux chiens après une chasse. Zola utilise le symbolisme de la chasse tout au long du roman pour représenter la manière dont l'Empire a permis aux gens de courir après l'argent, le pouvoir et l'influence. Zola n'a clairement aucune sympathie pour des gens comme Saccard; des chasseurs de bonne fortune dont les transactions sombres «entraîneraient le pays au niveau des nations les plus décadentes et déshonorées». Mais il n’est pas attaché à Maxime - une figure narcissique androgyne qui «avait des vices avant ses désirs» - ou Renée. Cette dernière, même après qu’elle ait été abandonnée par son mari et son amant, continue d’agir avec témérité, jouant, buvant et aspirant à de nouveaux désirs. La principale critique de Zola ne vise toutefois pas ces membres des "Nouveaux Riches", mais le système politique et social qui permet et encourage même le déclin des normes morales. Il souligne ainsi la manière dont, dans le nouvel Empire, la richesse pourrait être accumulée avec peu d'effort et beaucoup de complaisance. La fortune de Saccard n'a pas de fondement solide, elle n'existe que sur papier. Ce que Zola montre de manière très détaillée, c'est comment le financement public des projets de Haussmann, sous forme de subventions et de prêts aux promoteurs, a ouvert la porte à la spéculation et à une comptabilité créative. Saccard finit par agir pour les deux parties dans les négociations sur une propriété, faisant grimper les prix à son avantage. Le scénario s'avère très soutenu et parfaitement référencé, et la vérité historique est respectée. Les dessins d'Éric Stalner sont quant à eux admirables. VERDICT-La Curée est le deuxième roman du cycle de vingt livres de Rougon-Macquart. Il a été publié pour la première fois dans le journal La Cloche en 1872. Le gouvernement a suspendu cette publication pour le motif qu'il était immoral (le roman contient de nombreuses scènes de chambre à coucher), ce qui a incité Zola à rédiger une solide défense de son travail. Cette adaptation en BD est écrite avec un grand respect pour la tension dramatique alors que Renée se précipite vers son destin. C'est l'histoire captivante d'une ville en pleine mutation, aux conséquences dévastatrices pour nombre de ses habitants. |