Les destins de Shana (Fanny Ardant) et Pierre (Melvil Poupaud) se sont croisés à Lyon en 2006 dans un hôpital. Elle était l'amie de la mourante, lui le médecin qui s'occupait de la patiente qui fut immédiatement frappé par le charme de la femme. Ils se retrouvent 15 ans plus tard et se racontent leurs histoires et leurs peines intimes. Pierre est marié et a deux enfants et est beaucoup plus jeune que Shana, une architecte à la retraite qui essaie d'aider sa fille dans sa vie chaotique. Après la rencontre dans la campagne irlandaise, la passion court sur les rails, sur la ligne Paris-Lyon-Paris. Les deux entament une relation pleine d'incertitudes quant à leur avenir et celui de leurs familles. Ils se regardent dans les yeux, puis depuis la fenêtre de la maison en Irlande, puis à nouveau dans les yeux.

Carine Tardieu montre toutes les intermittences du cœur, amour qui rime avec désir et désespoir, avec un élan qui ne se contrôle pas car c'est justement l'histoire de Shana (70 ans) et Pierre (45 ans) qui est houleuse. Fanny Ardant met habilement en évidence la fragilité émotionnelle et physique de Shana et montre ses émotions même avec un seul regard ou un silence. Mais c'est tout le casting qui travaille dans Les Jeunes Amants, de Melvil Poupaud à Cécile de France qui a aussi joué dans Ôtez-moi d'un doute (de la même réalisatrice). La limite est sans doute de souligner les états d'âme par un geste (les roses jetées sur lui, le détail des mains) ou par une écriture à la limite du verbiage : l'aveu d'une trahison, des explications médicales sur les médicaments et l'état de santé du patient. Le film a pourtant des moments d'une intensité considérable à la fois celui où Shana fond en larmes devant sa fille à celui où la femme voit Pierre de loin aider une fille avec une valise. Les Jeunes Amants est un film sur le temps qui reste, sur la nostalgie du passé (surtout d'un certain cinéma français). Dans la "brève rencontre" des deux protagonistes, on pense aux croisements dans le métro de Robert De Niro et Meryl Streep dans Falling in love mais surtout les croisements du hasard et du destin du cinéma de Claude Lelouch émergent dans un autre film d'hommes et de femmes, de parallèles entrelacés, où le destin reste toujours quelque chose de totalement incontrôlable et ingérable.