Un film japonais à épisodes sur des femmes que le hasard aide à y voir plus clair dans les affaires du cœur. Dans un taxi de Tokyo, deux amies discutent. Tsugumi (Hyunri) raconte à Meiko (Kotone Furukawa) qu'elle est sortie avec un homme dont elle est tombée amoureuse. Mais ce dernier n'a pas encore réussi à se détacher intérieurement de son ancienne petite amie. Meiko comprend qu'il s'agit de son ex-petit ami Kazuaki (Ayumu Nakajima). Elle lui rend visite pour sonder ses sentiments. Va-t-elle empêcher le bonheur de sa meilleure amie ? De son côté, Nao (Katsuki Mori), une étudiante mariée, est sollicitée par son camarade Sasaki (Shouma Kai), avec qui elle a une relation, pour l'aider à mettre en place un plan de vengeance. Parce que sa carrière universitaire a échoué à cause du professeur Segawa (Kiyohiko Shibukawa), Sasaki veut se venger et lui coller une affaire MeToo sur le dos. Nao est chargée de séduire le professeur. Elle se rend dans son bureau à l'université et lui lit un passage érotique de son nouveau roman. La rencontre ne se déroule pas comme prévu. Enfin, Moka (Fusako Urabe) est venue de Tokyo dans la ville de Sendai pour les 20 ans de la réunion des anciens élèves. Elle espérait revoir son amie d'école dont elle était amoureuse et dont elle se languit encore aujourd'hui. Peu avant le voyage de retour, elle croit la reconnaître dans un escalator. Bien qu'il s'avère que Moka et Nana (Aoba Kawai) ne se soient jamais croisées auparavant, les femmes décident de ne pas se quitter en tant qu'étrangères.

Le réalisateur et scénariste japonais Ryusuke Hamaguchi ("Drive My Car") a reçu le Grand Prix du Jury à la Berlinale 2021 pour ce film à épisodes sur le pouvoir du hasard. En développant le sujet, il a remarqué "comment le hasard ouvre les histoires de manière inattendue", explique le réalisateur. Ainsi, le film parle aussi du corset étroit des rôles de l'homme moderne qui, dans le train-train quotidien, ne trouve plus guère de place pour une imagination libre et créative. Les jeunes femmes au centre des trois épisodes ont la chance surprenante de pouvoir reconsidérer des questions relationnelles non résolues et des aspirations non satisfaites. Si des mesures de la "Träumerei" de Robert Schumann retentissent régulièrement, ce n'est en tout cas pas un hasard, mais peut être compris comme une invitation au public à laisser flotter ses propres sentiments, perdus dans ses pensées. Dans le premier épisode, Meiko se rend vite compte qu'elle a quelque chose contre le fait que son ex-petit ami et sa meilleure amie se retrouvent ensemble. Elle n'a pas vraiment tourné la page avec lui. Tous les nœuds relationnels ne peuvent pas être défaits. Parfois, il faut quand même prendre une décision consciente pour pouvoir à nouveau aller de l'avant. Malheureusement, les gens ne savent pas toujours où se trouve le bonheur. Dans le chaos des voix intérieures contradictoires, il est difficile d'écouter celle qui compte. Dans le deuxième épisode, un dialogue passionnant se développe entre le professeur et l'étudiante qui cherche à le séduire pour lui nuire. En discutant de son roman, ils ont plus de choses à se dire qu'ils ne le pensaient. Le professeur, prévenu par les scandales MeToo partout dans le monde, insiste d'emblée pour que la porte de son bureau soit ouverte. Pourtant, la rencontre se charge d'érotisme sur le plan intellectuel et verbal. Mais le hasard, comme l'enseigne cet épisode, n'est pas forcément un philanthrope. Le troisième épisode est peut-être celui qui parle le plus clairement de l'isolement, du prix que les hommes paient lorsqu'ils négligent les aspirations de leur cœur. Les deux femmes qui se rencontrent par hasard sont victimes d'une confusion. Mais elles se rendent compte qu'elles peuvent s'ouvrir des portes l'une à l'autre. Elles s'engagent dans un jeu qui les rend à nouveau jeunes et même naïves comme des enfants. Ce qui unit les épisodes, outre le hasard, c'est que les personnages sont confrontés aux points de vue des autres à leur avantage. Les histoires ne sont pas racontées de manière exhaustive, elles restent enveloppées dans une atmosphère où l'on peut s'émerveiller du merveilleux.